Sorcière et corbeau

 Animal parfois vénéré par les anciens peuples païens, le corbeau a été discrédité au Moyen Âge comme bon nombre d'animaux. En raison de sa couleur noire, de sa tendance à se nourrir de cadavre, de ses dons langagiers, de sa prétendue longévité et même de son intelligence, le corbeau est passé du côté de la nuit, des démons et des sorcières. 

De même que la chouette, le hibou, le loup ou le chat noir, on l'a hissé au rang de familier des sorcières. Rien d'étonnant : il aime nicher dans les cimetières, et on les voit se rassembler en colonie au début de l'Automne, vers Samain et la Toussaint, fêtes des morts.

Linogravure du XVIIe s. représentant une sorcière et deux corbeaux (source)

Pour invoquer Satan, sorcières et prêtres noirs lèveraient leur calice et leur hostie en scandant trois fois : "Corbeau noir !"

 

Dans ses Légendes Infernales publiées au XIXe s., Colin de Plancy parle d'une sorcière de Barklay qui vivait au XIe s. et était servie par une corneille. Celle-ci étant une image de Satan, vint lui annoncer un jour la mort de son fils aîné puis sa propre mort...

 

Le Cercle Magique, John William Waterhouse (XIXe s.)
on voit des corbeaux autour du chaudron de la sorcière

En raison de leur mauvaise réputation, les corbeaux ont pu être chassés ou massacrés durant le Moyen Âge... Les prêtres ont tenté d'interdire les prénoms rappelant le corbeau et on a remplacé les fêtes païennes célébrant cet oiseau par des fêtes religieuses.

 

Extrait du Triomphe de la Mort de Brueghel (XVIe s.)
où on voit un corbeau perché sur le cheval de la Mort