Le corbeau dans le Kalevipoeg

Le Kalevipoeg, épopée nationale estonienne, est une oeuvre proche de du Kalevala : elle a été composée par Friedrich Reinhold Kreutzwald au XIXe siècle, d'après les mythes estoniens. Je n'ai pas pu la lire en entier, bien qu'il existe une traduction dans la collection "L'aube des peuples" de Gallimard, mais j'en ai parcouru quelques extraits en anglais sur ce site.

 

Couverture de 1935

Le Kalevipoeg raconte l'histoire du héros du même nom, un géant doté d'une force surhumaine. 

L'épopée commence par raconter comment Kalev, le père de Kalevipoeg, rencontra sa mère Linda. 

 

Kalev a donné son nom à une marque de chocolat.

Sur ce paquet, on voit Linda et son fils Kalevipoeg

 

 

Linda est née de manière peu commune. On nous raconte qu'une veuve se promenait quand  elle trouva trois choses :  "Sur le chemin, elle a trouvé une poule; elle a trouvé un œuf de tétras dans les empreintes du bétail, et elle a trouvé un jeune corbeau près du village." 

Quand elle rentra chez elle, elle fit un nid pour la poule et l’œuf de tétras, mais elle jeta le corbillat dans un coin, derrière une caisse. 

Les jours passèrent... Plusieurs mois après, la poule est devenue une belle jeune fille, Salme. L’œuf de tétras a donné naissance à la fameuse Linda, future mère de Kalevipoeg. Quant au corbeau, il était devenu "une orpheline, une bonne à tout faire, destinée à porter du bois au poêle et plier sous le poids des seaux d'eau du puits." Tandis que Salme et Linda sont assaillies par les prétendants et connaissent une histoire grandiose, on ne reparle plus de la servante née d'un corbeau. Il n'empêche que le héros Kalevipoeg a une corbelle pour tante ! 

 

(source)

Cette image représente les trois soeurs 

Salme, Linda et Ann ainsi qu'elle est nommée sur le site source

Elles ont pu être comparée à la "Triple Déesse" (Kolmikjumalanna en Estonien), 

une entité qui représente tous les aspects de la vie : la vierge, la femme et l'aînée (ou la veuve). Ici, Ann, issue du corbeau, est donc associée à la veuve, soit à la mort.

 

Cette histoire nous montre que les corbeaux n'étaient pas forcément bien vus dans la mythologie estonienne : ils arrivaient tout juste au niveau des servantes... 

 

source

Dans l'affiche de cette comédie musicale apparemment basée sur le personnage de Salme, on aperçoit sans doute Linda à gauche et la fille-corbeau en habits de servante à droite.