mardi 31 août 2021

L'Ours pour les nations amérindiennes

 Jusqu'à présent, nous avons essentiellement parlé de l'Ours en Europe. Nous avons fait un petit saut en Amérique pour parler du Teddy Bear, mais nous allons maintenant remonter "à la source" pour voir comment cet animal était perçu dès l'origine, avant même la colonisation du continent par les Européens. En effet, pour les nations amérindiennes, l'ours avait (a) également une grande importance. 
Pour la plupart des peuples amérindiens, l'Ours est un animal-totem important. Il est lié à la Terre et a aussi une symbolique solaire en raison de son penchant pour le miel (doré et en rayon, comme le Soleil). Sa force le relie aussi aux tornades
 
Il est vu comme un animal puissant, sage et solitaire mais surtout comme un ancêtre/cousin de l'Homme, voire comme un esprit. Pour de nombreuses nations, l'Homme descend de l'ours, ou bien l'ours peut se transformer en Homme... Il serait même capable de comprendre notre langue. Comme dans plusieurs cultures, on croit que des couples être-humain/ours peuvent se former. Ainsi, certains peuples interdisent aux femmes d'approcher ou de consommer de l'ours, de peur qu'il leur arrive une mésaventure sexuelle. 

L'ours est chassé et consommé par ces nations, mais comme ce gibier inspire une crainte mêlé de respect, les amérindiens prennent également des précautions (comme les Finnois par exemple) : le nom de l'ours n'est pas prononcé pendant la chasse, et une fois qu'il est mort, on cherche à se faire pardonner de son esprit, par exemple en lui offrant de fumer le calumet de la paix. 
Chasse au grizzly (George Catlin, XVIIIe s.)


L'ours est aussi lié à la médecine : on pense qu'il déterre les racines curatives quand il gratte la terre avec ses griffes et qu'il connaît les plantes bénéfiques. C'est grâce à lui que les Amérindiens ont constaté les nombreuses vertu de l'osha root ("racine de l'ours" en langue aborigène), une plante consommée par les ours au sortir de l'hivernation afin de retrouver leur énergie. De fait, les hommes portent les fleurs sur eux pour se protéger des serpents, ou bien mâchent l'osha root afin d'affiner leur vision, d'améliorer leur endurance et de se revitaliser. Cette racine est aussi censée protéger les enfants contre les maladies.
Les guérisseurs se revêtent souvent de la peau de l'ours qui, d'ailleurs, rendrait invulnérable. Certains sorciers se dandinent même comme des ours quand ils opèrent des rituels de guérisons !
De plus, l'ours figure dans la Roue Médecine de plusieurs nations, quoiqu'à des places variées.
Selon une légende, ce serait même les ours qui auraient appris aux Hommes la médecine : un groupe d'ours des montagnes emprisonnent un couple d'humains dans une caverne. L'homme cherche à s'enfuir plusieurs fois ; à chaque reprise les ours le punissent en le rouant de coups ou en le jetant du haut d'une falaise. Puis, iles expliquent à la femme comment soigner ses plaies. Quand ils lui ont transmis tout leur savoir, ils relâchent le couple afin que la femme puisse transmettre son savoir à ses semblables.

Un "homme-médecine" avec sa peau d'ours (photo de 1835)


Les chamans ont également un lien privilégié avec l'ours : certaines tribus pensent que les chamans se transforment en ours quand ils rejoignent le royaume des esprits. Quand ils meurent, ils deviennent également des ours. Manger de l'osha root ou porter une pelisse d'ours aiderait, en outre, à entrer en transe.

Habile chasseur, l'ours est pris comme modèle non seulement car il est puissant, mais également car il fait preuve d'intelligence : il peut se montrer très patient quand il chasse, faire preuve de réflexion et d'observation...
 
On accorde de nombreuses vertus aux griffes de l'ours : elles peuvent être porté en collier par les Hommes les plus valeureux, ou bien par les chamans, les sorciers ou les guérisseurs car certains peuples pensent que les griffes (ces griffes aptes à déterres les plantes miraculeuses) recèlent tout le pouvoir de l'ours.
 
 


lundi 30 août 2021

L'Ours en cartomancie

 Certains prétendent que dans le tarot traditionnel de Marseille, la carte XI, la force, représente parfois un ours. Mais la plupart du temps, cette carte montre une femme ouvrant la gueule d'un lion, non d'un ours.
Aujourd'hui, on peut tirer les cartes d'un jeu de tarot avec des gummibär !
 
Cliquez pour agrandir

 
 L'Ours apparaît cependant dans un jeu de tarot divinatoire à partir du XVIIIe siècle, plus précisément dans les cartes du Petit Lenormand. Il figure en effet sur la carte 15, celle du 10 de trèfle (qui, soit dit en passant, arrive juste après l'atout du Renard)
 

L'Ours est un symbole de force :
-physique : il représente l'énergie dont on a besoin pour surmonter des épreuves. 
-mentale : avoir la force de se surpasser pour dépasser ses limites et accomplir ses ambitions
-émotionnelle : même quand tout semble aller de mal en pis, il faut continuer à croire en soi et en ses rêves afin de les exaucer. 
Il invite aussi à se défier des jaloux, comme l'indique le dicton noté sur la carte.

dimanche 29 août 2021

Winnie l'Ourson

 Nous avons parlé hier des ours en peluche... Mais nous je n'ai pas évoqué l'un des (si ce n'est LE) nounours les plus connus : Winnie l'Ourson. 
 
Winnie l'Ourson est un personnage créé par Alan Alexander Milne, dans un livre jeunesse paru pour la première fois en 1926 en Angleterre et illustré par Ernest Howard Shepard.
 
L'auteur s'est inspiré des jouets en peluche de son fils, Christopher Robin, pour écrire les aventures de Winnie et de ses amis, Tigrou, Porcinet, Coco Lapin, Maman Gourou, Petit Gourou, Maître Hibou... 
 
Christopher Robin Milne

Quant au nom de Winnie, il tire son origine d'une ourse noire du zoo de Londres, Winnipeg. Elle avait été achetée par un lieutenant (et vétérinaire), Harry Colebourn, pendant la 1ère Guerre Mondiale, au Canada. Mascotte du régiment, Winnipeg est ensuite ramenée en Angleterre à la fin de la guerre. 
Alors qu'elle a, par la suite, donné son nom à Winnie, elle-même est baptisée d'après la ville natale du lieutenant Colebourn.
 
Winnipeg et Harry Colebourn

Notez que ce nom a pu dérouter certains lecteurs au départ puisque Winnie est un prénom féminin, alors que l'ourson est, apparemment, un mâle (même s'il s'agit d'une peluche, donc on peut considérer la question comme inutile). De plus, au départ, l'ours était nommé Edward comme le véritable nounours du fils d'A.A. Milne. 
Ainsi, dans la première traduction française, Winnie est baptisé traditionnellement "Martin". Par ailleurs, son nom entier "Winnie-the-Pooh" est également problématique puisque "pooh" exprime en Anglais une exclamation de dégoût, voir peut être traduit par "caca"... Ainsi, Winnie l'Ourson aurait pu s'appeler "Martin le caca" ou "Martin-Berk" en Français ! Ce qui n'est pas très reluisant... Ah mon avis, il faut plutôt entendre "Pooh" comme un surnom affectueux, par exemple une exclamation que poussait le petit Christopher Robin quand il jouait ou quand il allait voir Winnipeg au zoo  : poo poo !
 

Winnie l'Ourson est donc un mélange entre les nounours de Christopher Robin Milne et l'ourse Winnipeg !  
 
Pour ceux qui le connaîtraient mal ou pas du tout, ce "petit ours de peu de cervelle" vit dans la Forêt d'Ashdown, une forêt qui existe réellement en Angleterre. Par la suite, Disney a transformé ce lieu en "Forêt des Rêves Bleus". 
Winnie est le meilleur ami d'un petit garçon qui, comme le fils d'A.A. Milne, se nomme Christopher Robin (Jean-Christophe en Français). Il a aussi nombre d'autres amis animaux-peluches. 
Très gourmand, il raffole de miel et de lait concentré sucré. Il lui arrive beaucoup d(e més)'aventures à cause de sa gourmandise, mais aussi parce qu'il a tendance à mal interpréter les paroles ou les écrits, ce qui cause pas mal de quiproquos. Le livre est ainsi bourré de jeux de mots ! 
 

Winnie l'Ourson a conquis un grand public et a tapé dans l’œil d'un premier producteur, Stephen Slesinger dès 1930. C'est à cette époque que Winnie se dote de son fameux t-shirt rouge. 
 
Winnie sur un jeu de 1933, développé par Slesinger

A la mort de Slesinger, sa femme poursuit ses affaires jusqu'en 1960, date  à laquelle Walt Disney récupère les droits de production. Depuis, Disney continue à faire vivre ce petit ourson malicieux, alors même que l'ourse Winnipeg est décédée en 1934, A.A. Milne en 1956 et Christopher Robin Milne (lui-même devenu auteur une fois adulte) en 1996.
 

 
L'évolution de Winnie en timbre


samedi 28 août 2021

L'Ours en peluche

 On s'accorde à dire que les doudous ont toujours existé : les enfants adorent avoir un jouet rien qu'à eux, ce peut être un simple bout de tissu, un mouchoir, un vieux vêtement, voir un simple bout de fourrure à la Préhistoire... Même les animaux ont leurs propres doudous, alors il n'y a rien d'étonnant à ce que les Hommes en aient toujours eu !
Cela étant, les peluches à proprement parler ne sont pas si vieille que ça ! Mais pourquoi l'ours en peluche a-t-il autant de succès ?

Garfield et son nounours Pooky


A la fin du XIXe siècle, en Allemagne, Margarete Steiff commence à fabriquer des jouets en feutre. Paralysée depuis son enfance, elle a pris très jeune des cours de couture afin que sa maladie ne soit pas un fardeau pour ses parents. Sa ligne de coussin d'aiguilles en forme d'éléphants est un franc succès : elle poursuit sur cette lancée en cousant un jouet en forme d'ours, avec la participation de son neveu Richard, en 1902. 
Le succès est immense, et c'est sûrement en grande partie grâce à l'ours Steiff qu'aujourd'hui l'ours reste l'animal de prédilection pour les peluches...
 
Margarete Steiff (source)


Mais "en partie" seulement ! En effet, de l'autre côté de l'océan s'est produit un événement qui concrétise également le succès de l'ourson. 
Cette même année 1902, le président américain Theodore Roosevelt (Teddy pour les intimes), participe à une chasse dans le Mississippi (où il s'était déplacé pour tracer la frontière avec la Louisiane). Pour lui faciliter la tâche, on lui a attaché un ourson à un arbre : il ne lui reste plus qu'à tirer pour obtenir un beau trophée sans trop d'effort. Scandalisé (peut-être davantage pour sa propre image que pour le sort de l'animal), il refuse d'abattre l'ourson et exige qu'on lui rende sa liberté. Cet épisode fait rapidement le tour des Etats-Unis et les fabricants de jouets surfent sur la vague en proposant des "Teddy('s) Bear"... Une vague qui n'a toujours pas reflué, d'ailleurs ! 
Caricature de Clifford Berryman (1902)


vendredi 27 août 2021

L'Ours des enfants

 Alors qu'il devient de plus en plus rare à l'état sauvage dans la majeure partie des territoires où il vivait jadis, l'image de l'ours connaît une renaissance dans la culture, notamment du côté des enfants. 
 
Nous avons déjà évoqué plusieurs contes de fées dans lesquels des ours apparaissent. Manque encore l'un des plus importants : Boucle d'Or et les Trois Ours. Il est si connu qu'il me semble à peine utile de vous le rappeler : une petite fille nommée Boucle d'Or en raison de ses cheveux blonds s'introduit dans la maison de trois ours. Elle mange le gruau de l'ourson, casse sa chaise et dort dans son lit, avant le retour des habitants qui l'effraient tant qu'elle s'enfuit. 
 
A l'origine, ce conte a été publié par Robert Southey en 1837, avant d'être plus largement popularisé par les frères Grimm. Dans les versions primitives de l'histoire, la petite fille était parfois remplacée par une vieille femme, voire par un(e) renard(e). 
 
Illustration d'Arthur Rackham

Même s'il n'est pas des plus récents, ce conte est toujours lu, adapté et connu ! Pour preuve, Victor Dixen propose une réécriture de Boucle d'Or avec Animale, dans des romans qui mêlent ce conte avec celui de La Reine des Neiges, avec la mythologie (on y retrouve le mythe des berserkirs nordiques) et avec l'Histoire (l'intrigue se passe sous l'époque napoléonienne). 
 

Le "principe de Boucle d'Or" , en Sciences, est un précepte de juste mesure, de bonne quantité (puisque dans le conte, la fillette choisit toujours le gruau/la chaise/ le lit qui n'est "ni trop ... ni pas assez..."). 
"Planète Boucle d'Or" est aussi le nom donné à une planète située dans la zone habitable d'une étoile, là où il ne fait "ni trop chaud, ni trop froid", comme le gruau que choisit de manger la fillette.  Autrement dit, la Terre est une planète Boucle d'Or puisqu'elle se situe dans la zone habitable du Soleil.
 
Source : Laëtibricole

Outre ce conte, l'ours est de plus en plus présent dans la littérature enfantine à la fin du XIXe siècle, puis au XXe siècle. 
En 1856, la Comtesse de Ségur publie Ourson, un conte dans laquelle un méchant garçon est condamné à rester un ours jusqu'à ce que quelqu'un l'aime assez pour accepter d'échanger sa peau contre la sienne. 
Plus tard, on voit apparaître Baloo dans Le Livre de la Jungle (R. Kipling, 1894), Plume l'Ours polaire (Hans de Beer, 19..), le Petit Ours Brun (Danièle Bour, 1975)... Et avec les dessins-animés : Gros Ours ou Nounours dans Bonne Nuit les Petits (1962), les Bisounours (1980), Martin l'ours dans Franklin (1997), La Famille Berenstain (2003)... etc. Les exemples sont multiples. 
 
Encore un ours qui s'appelle Martin, meilleur ami de la tortue Franklin dans les dessins-animés éponyme. Il raffole des mûres et des myrtilles

Nounours, son neveu, Nicolas et Pimprenelle


 
L'ours est aussi synonyme de plaisir gourmand, notamment parce qu'il est utilisé comme mascotte des bonbons Haribo depuis la création d'un de leur premier bonbon, le Gummibär (ourson en gélatine) en 1922. 
C'est aussi le nounours en guimauve créé en 1962 par la chocolaterie Bouquet d'or (groupe Cémoi). 
 

 
 
Pourquoi l'Ours est-il revenu ainsi sur le devant de la scène ? Comme un bon gros nounours inoffensif ? Peut-être parce que, justement, on ne conservait plus de lui que l'image du cirque... Sans oublier qu'entre-temps, l'ours en peluche a fait son apparition.

jeudi 26 août 2021

L'Ours de Charabie

 Nous avons déjà vu qu'il existe 7 grandes familles d'ours dans le monde... Officiellement ! Car moi, je connais d'autres familles non-officielles. 
Parmi celles-ci, il y a l'ours de Charabie. Ernest, l'un des deux personnages principaux d'Ernest et Célestine, est un ours de Charabie. On ne sait pas bien où se situe ce pays, la Charabie, mais étant donné les goûts et l'accent d'Ernest, je crois qu'il est quelque part non loin de la Russie. 

Quelques caractéristiques de l'ours de Charabie :
 
- il est gourmand, surtout pour manger des charabiettes (les gâteaux nationaux de la Charabie !)


 

- il joue de la musique


- il n'hiberne pas avant que le thermomètre descende en-dessous de -10°C


 

- il a un grand coeur, en dépit des apparences ! 


mercredi 25 août 2021

Zozi et Bartok

 Comme on parle de Russie, je vais aujourd'hui vous présenter un personnage du dessin-animé Bartok le Magnifique (1999), qui justement est censé se passer dans la Russie des Tsars. 
 
Dans ce dessin animé, Bartok est une chauve-souris albinos. Trouillard et assez maladroit, il passe pourtant pour un héros aux yeux du peuple car dans un spectacle ambulant, il feint de combattre un ours ! Cet ours n'est autre que son meilleur ami, Zozi, qui joue à la fois le rôle du M. Loyal et de l'ours cruel. 
Mais quand le Prince Ivan est enlevé, Bartok va de devoir partir à sa rescousse pour prouver qu'il est aussi "magnifique" qu'il le prétend. Heureusement, il peut compter sur Zozi pour l'épauler...
 

 

mardi 24 août 2021

L'ours en Russie

Dévalorisé par l’Église, traqué par les chasseurs, capturé par les dresseur... Quoique dans une mauvaise passe depuis le Moyen Âge, l'ours a tout de même gardé une certaine place prédominante : certains pays comme la Russie (voire l'Empire Russe ou l'Union Soviétique) ont été associés à l'ours, au moins depuis le XIXe siècle... Peut-être parce qu'au contraire de pays comme la France ou le Royaume-Unis, on trouvait toujours des ours là-bas (non seulement bruns, mais aussi polaires)?
 
Ainsi, dans la culture soviétique, l'ours est très présent à la fois dans les contes et l'art.
 
Ce loubok (estampe humoristique) du XVIIIe s.
met en scène un ours qui joue de la doudka (flûte) 
et une chèvre qui danse en jouant des castagnettes avec des cuillères.
 
 
Cet autre loubok du début XIXe s. évoque une chasse à l'ours

Mais il a surtout servi de symbole national, bien qu'il n'ait été adopté officiellement qu'en 1950 (même si sur les armoiries russes figure encore l'aigle bicéphale).
 
Lors des Guerres Mondiales puis de la Guerre Froide, dans les caricatures, l'URSS est souvent représentée sous les traits d'un ours. 
Pour ses ennemis il s'agissait d'un trait moqueur : les soviétiques seraient aussi cruels et patauds que cet animal !
Mais de leur côté, Russes puis Soviétiques y voit un symbole de force et de grandeur.

  Sur cette caricature de 1904, la colombe de la paix est fragilement posée sur un château de cartes (qui représentent les différents pays d'Europe), lequel pourrait être détruit d'un coup de patte par l'ours-Russie.


Dans cette caricature de 1911 réalisée par Craven-Hill, 
l'ours-Russie écrase le chat-Perse sous le regard du lion-britanique.

 

Ici, l'ours-Russie attaque le loup-Afghanistan sous le regard du lion-britannique et du tigre-Inde

En Russie, l'Ours est surnommé Mich(k)a. Outre le célèbre ourson en peluche d'un conte de Noël ou la vedette d'un dessin animé, il a aussi été la mascotte des Jeux Olympiques de 1980 à Moscou.

Le Michka du conte du Père Castor

 

Le Michka mascotte sportive

lundi 23 août 2021

Montreur d'ours contre Loups-Garous

 Dans le jeu de rôles des Loups-Garous de Thiercelieux, deux camps s'affrontent pour posséder un village : d'un coté il y a les villageois, de l'autre les Loups-Garous. Le but, pour chacun de ces deux camps, est d'éliminer tous les joueurs adverses. 
 
Quand la partie commence, personne ne sait qui est qui. Or, parmi les villageois, certains rôles ont des pouvoirs spécifiques. C'est le cas du Montreur d'Ours : s'il est assis à côté d'un joueur qui incarne un Loup, l'Ours grogne...

Carte du Montreur d'Ours




dimanche 22 août 2021

L'ours au cirque (des temps modernes)

 La profession de montreur d'ours perdura pendant longtemps : jusqu'au XIXème siècle (voire jusqu'au début du XXe) on trouva  en Europe et en Amérique (Canada ou Etats-Unis) des montreurs d'ours, nommés "oursaillés" dans les Pyrénées, "orsanti" en Italie, ou "ursari" en Roumanie. 


 

Le village d'Ercé, en Ariège, est d'ailleurs connu pour son "école des ours" développée au XIXe siècle (et qui a perduré jusqu'à la 1ère Guerre Mondiale). De nombreux montreurs originaires de là ont ensuite émigrés vers les États-Unis.  Les ours familiaux pouvaient même représenter la dot d'une jeune fille, car ils représentaient une richesse certaine.

Carte postale ancienne (source)

Illustration allemande (XIXe s.)


 Parallèlement, avec l'essor du cirque (à partir du XVIIIe s., en plein boum au XIXe s.), l'ours se retrouve sous le chapiteau. Comme les lions ou les éléphants, il devient un élément clef du spectacle. Ce n'est pas étonnant : à cette époque déjà, on a plus de chance de voir un ours au cirque ou au zoo qu'en pleine nature ! Petit à petit, on voit même des ours polaires faire leur apparitions sur la piste.

Cirque Krone, lithographie d'Adolph Friedländer (XXe s)
source



Terrifiant à cause de ses allures de "diable", de "monstre poilu" et à cause de la peur instinctive (alimentée par des siècles de diffamation ecclésiastique) qu'il génère, l'ours est également fort habile grâce à sa capacité de marcher sur deux jambes et de ses servir de ses mains. Voilà pourquoi il est très prisé dans les spectacles, depuis les troubadours médiévaux jusqu'aux forains du XXe siècle.
 
Les tours évoluèrent avec les années : certains ours apprirent même à faire de la bicyclette ou du monocycle, du trapèze, du cheval ou de la bascule

Skandinavischer Circus, illustration de Furbel (XIXe s.)
(source)
 
Le soviétique Valentin Filatov fut le plus célèbre dresseur d'ours au milieu du XXe siècle. Il leur apprit même à faire de la moto ! Vous pouvez voir certains de ses tours dans cette petite vidéo (elle n'est pas en français, mais ça ne vous empêchera pas de comprendre le spectacle !) 
 

Aujourd'hui, montreur d'ours et ours de cirque ont disparu d'Europe (heureusement, car ces animaux souvent enfermés dans de trop petites cages ne devaient pas être très heureux...). On n'en trouve plus guère que quelques-uns dans des cirques du Moyen-Orient, mais la chose est rare. 

Même si les ours savants sont rigolos,
il suffit de lire ce rébus pour savoir ce qu'il en est en réalité...


Si vous souhaitez en savoir plus sur les ours au cirque, vous pouvez lire un article web très détaillé en cliquant ici.

samedi 21 août 2021

L'ours étudié

 Après le Moyen Âge, même si les ours sauvages sont de moins en moins nombreux dans la plupart des pays européens christianisés, les anciennes croyances populaires sur les ours perdent peu à peu du crédit. C'est l'essor des Sciences et de l'Expérimentation. De nouveaux outils, de nouvelles pratiques (comme la dissection) et un esprit plus ouvert permettent d'affiner les connaissances. Les aberrations des bestiaires médiévaux ne font pas le poids contre de vraies observations. 
 
L'ours est étudié pour ce qu'il est vraiment (un animal) et non plus pour ses symboles. 
 
Des personnes comme Léonard de Vinci  ou Pisanello étudient plus précisément son anatomie
 
Léonard de Vinci (XVe s.)

Léonard de Vinci (XVe s.)

 
Pisanello (XVe s.)

Plus les travaux scientifiques avancent, mieux on connaît l'ours : suites aux questions soulevées par Darwin dans son traité L’Évolution des espèces, difficile de croire encore qu'un être humain et un ours puissent s'accoupler ! 
Le motif reste cependant toujours vivant et on le retrouve toujours dans les fictions, par exemple dans Lokis de Prosper Mérimée, nouvelle écrite au XIXe siècle, qui raconte l'histoire d'un comte dont la mère est une femme violée par un ours.
 Malgré les recherches scientifiques, certains travaux, comme cette étude de Charles Le Brun (XVIIe s.), mettent encore en évidence la ressemblance Homme-Ours pour la théorie de la physiognomonie : un humain ayant des traits communs avec un ours hériterait aussi de son comportement (brutalité, sauvagerie... etc.)
 
 

vendredi 20 août 2021

L'ours alchimique

L'ours a pu être considéré comme un animal symbolique, notamment en Alchimie, discipline à la croisée entre magie, science et médecine encore pratiquée sérieusement au Moyen Âge. 
 
 En raison de sa vie qui se déroule de manière cyclique, rythmée par les saisons et l'hivernation, l'ours représente ainsi un lien entre Hiver et Printemps, entre l'état de "mort" ou de "repos" et la réincarnation
Parce qu'il s'abrite dans les profondeurs obscures d'une caverne, cet animal est également associé à la noirceur de la matière primordiale. Il représente donc un autre lien : entre l'obscurité (où il vit en Hiver) et la lumière (où il s'aventure dès le Printemps), entre les puissances chtoniennes (=souterraines) et les puissances solaires, entre le jour et la nuit. 
 
Il symbolise également les instincts primitifs, peut-être car il est considéré comme une sorte d'Homme sauvage, non-fini.

Dans cette image de la Philosophia reformata (XVIIe s.), le lion (à gauche) représente le Principe Solaire, tandis que l'ours (à gauche) représente le Principe Lunaire : en œuvrant ensemble, ils fusionnent l'eau (aux pieds du lion) et le feu (aux pieds de l'ours), deux matières primaires et primordiales.
 

source
Ici, l'ours est associé à la Terre (Terra), au froid (frigida) et à la terre sèche (sicca)
 (Le Dragon est associé à l'Eau, au froid et à l'humidité; l'oiseau à l'Air, l'humidité et la chaleur; l'Ange au Feu, à la chaleur et au sec).

jeudi 19 août 2021

L'ours de Berne

 L'ours est très présent dans l'histoire légendaire de la ville de Berne (Suisse). 
D'ailleurs, cette ville tire probablement son nom de l'ours, puisqu'on y reconnaît la racine "be(ar)"

Selon la légende, la ville aurait été bâtie au XIIe siècle par Berthold V de Zähringen, après avoir vaincu un ours à mains nues. Cette histoire servirait certainement, une fois de plus, à masque le fait qu'un ancien culte de l'ours était basé dans l'ancienne Berne avant l'arrivée de la chrétienté. 
Statue du duc Berthold V de Zähringen et d'un ours à Berne
(source)

Le sceau de la ville figure un ours depuis au moins le début du XIIIe siècle.
De plus, dans les Chroniques, plusieurs dessins montrent des ours portant armes et bannières pour défendre la ville. 
 De même, une "hymne de victoire" raconte comment un ours défendit Berne contre ses ennemis. 
 
Enluminure des Chronique de Spiez (XVe s.)
Un petit air de ressemblance avec La Fameuse Invasion des Ours en Sicile, vous ne trouvez pas ?

 
Ces représentations sont probablement symboliques : les ours représentent les habitants de Berne. Il n'empêche que l'image reste très parlante. 
 
Manuscrit du XVe s.


Par la suite, d'après les Chroniques de Valerius Anshelm, en 1513 deux ours furent ramenés comme butin de guerre après une victoire des Bernois dans le Piémont. Ils furent exhibés dans une "fosse aux ours" (au début un simple fossé, qui fut aménagé en enclos). Depuis ce jour, bien qu'elle ait changé plusieurs fois d'emplacement, il existe toujours une fosse aux ours à Berne. 
Carte postale du début du XXe s.
(source)


L'ours reste donc bien ancré dans la tradition de Berne !
 
Homme déguisé en ours et femme en costume,
carte postale du début du XXe siècle
(source)