Le Moyen Age aime rassembler les observations sur les animaux dans des bestiaires. La plupart du temps, ils sont les héritiers de traités antiques ou de croyances populaires (ou religieuses) davantage que fondés sur des faits réels.
Ainsi, déjà à l'Antiquité, Pline l'Ancien parlait en ces termes de l'ours dans son Histoire Naturelle.
-Les ours savent se soigner des empoisonnements : ceux qui ont goûté à la mandragore lèchent les fourmilières pour se guérir.
-Les ours s'accouplent au commencement de l'hiver, non comme font d'ordinaire les quadrupèdes, mais tous deux couchés et s'embrassant. Puis ils se retirent chacun dans une caverne; la femelle y met bas au bout de trente jours, cinq petits la plupart du temps. Ce sont d'abord des masses de chair blanche, informes, un peu plus grosses que des rats, et sans yeux, sans poil; les ongles seuls sont proéminents. C'est en léchant cette masse que la mère lui donne peu à peu une forme.
-Les mâles se tiennent cachés pendant quarante jours. les femelles pendant quatre mois. Dans les quatorze premiers jours, leur sommeil est si profond, que les blessures même ne peuvent les en tirer. Cet engourdissement les engraisse d'une manière extraordinaire.
[...] Ces quatorze jours écoulés, ils se tiennent assis, et vivent en suçant leur pattes de devant. Ils réchauffent leurs petits glacés, les serrant contre leur poitrine, non autrement que les oiseaux couvent leurs oeufs.
-A leur sortie ils avalent une certaine herbe nommée aros [peut-être le futur ail des ours], pour s'ouvrir les intestins, qui sont resserrés, et ils domptent sur des scions [jeunes pousses] leur bouche agacée, comme s'ils faisaient des dents.
-Leur vue s'affaiblit, et, pour cette cause surtout, ils recherchent les ruches, afin que le sang des mille blessures que leur feront les abeilles à la gueule emporte le poids qu'ils ont sur les yeux.
Les bestiaires médiévaux ont repris ces caractéristiques en y ajoutant les défauts que l’Église donnait à l'ours. On y insiste donc sur :
-sa sexualité débridée, quasi-humaine.
-sa grande paresse puisqu'il passe beaucoup de temps dans sa caverne.
-le fait que les oursons naissent informes (et même, selon Gaston Phébus, ils naissent blancs, morts et demeurent sans vie pendant un jour) : l'ourse doit les lécher pour leur donner une apparence digne de ce nom (voire pour leur donner la vie, et leur couleur brune ou noire).
C'est de là que vient l'expression "ours mal léché" : un ourson qui n'a pas bien été nettoyé par sa mère devient un ours grognon, querelleur, dangereux. Notez que l'action de lécher l'ourson symbolise une sorte de baptême : ce faisant, la mère ourse donne un meilleur aspect au petit monstre qu'elle a mis au monde.
-la croyance que l'ours se nourrit en se léchant les pattes pendant l'Hiver (c'est peut-être cette légende qui a donné naissance à divers gâteaux nommés "pattes d'ours").
Ours représenté avec une grande langue dans le Livre de propriétés des choses (XIVe s.) |
Gaston Phébus dans son Livre de Chasse, ajoute que les ours :
- vivent essentiellement dans les montagnes
- ont un excellent odorat et une mauvaise vue (qui les empêche de vivre au-delà de 20ans)
- se nourrissent d'herbes, de fruits, de miel, de chairs crues et cuites, de lait, de glands, de faines, de fourmis, voire de bétail quand la neige les pousse à descendre des montagnes.
Alors cette description de la vie de l'ours est-elle vérité ou simplement légende ? bien de choses semblent réelles. La définition de : "Ours mal léché - ail des ours et pattes d'ours" me plait bien :-))
RépondreSupprimerVérité légendaire à cette époque ! ^^
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