Ces derniers jours, nous avons pu voir différentes représentations de l'ours dans plusieurs mythologies européennes : gréco-romaine, celte, basque, nordique, finnoise, serbe...
Vous pouvez remarquer que, la plupart du temps, l'ours était valorisé par ces populations. Certains peuples allaient même jusqu'à rendre un certain culte à l'ours, et on recense plusieurs Dieux-ours ou Déesse-ourses.
Or, le Moyen Age voit un gros changement culturel au niveau religieux : le christianisme se répand et gagne bientôt toute l'Europe. La plupart du temps, l’Église voit d'un mauvais oeil tout ce qui rappelle les anciens cultes "païens" : elle va s'efforcer de "recycler" les anciennes fêtes et croyances afin de les rendre conforme à la religion chrétienne... ou, au contraire, elle va diaboliser les anciens motifs pour que les fidèles cessent définitivement de s'en occuper.
Il en va ainsi pour l'ours : au début du Moyen Âge, il en est encore célébré dans nombre de régions, notamment dans les Pyrénées.
Ainsi, le 11 Novembre, date symbolique du début de l'hivernation (qui est aussi proche de la fête de Samain), étaient organisées de grandes fêtes où l'ours gardait une place de roi. Des hommes se déguisaient en ours, mimaient des rapts de jeunes filles (comme dans l'histoire de Jean de l'Ours)...
De même, le 2 Février, on fêtait la fin de l'hivernation (ou Imbolc). Selon la croyance, si l'ours sortait ce jour-là et voyait son ombre, il retournait se coucher : le Printemps arriverait plus tard (on trouve une croyance quasi-semblable avec la marmotte). Cette fête de fin d'Hiver était ensuite suivit par des carnavals et mascarades. Par ailleurs, lors de l'Imbolc celte (la fête des moutons) ou des Lupercales romaines (la fête des loups) on retrouvait des pratiques identiques à celles des fêtes des ours, notamment avec des individus costumés en moutons ou en loups.
Célébrer l'ours, c'était aussi se prémunir contre ses dangers : on avait peur qu'il enlève le bétail... ou pire encore : les jeunes filles, comme dans de nombreuses légendes justement ! On pensait alors sincèrement que le couple Homme/Femme et Ours(e) était possible.
Ne parvenant pas à interdire totalement ces célébrations païennes, l’Église en a fait des fêtes chrétiennes.
Le 11 Novembre est désormais le jour de la St Martin, un saint qui n'est pas étranger à l'ours... Selon la légende, un ours aurait dévoré son âne alors qu'il traversait les Alpes : il aurait alors exigé à l'ours de porter ses bagages jusqu'à Rome.
En souvenir de cette anecdote, dans les fables, les contes et les récits populaires, l'ours prend souvent le nom de Martin.
Quant au 2 Février, c'est devenu la Chandeleur ou "Chandelours" (qui viendrait peut-être de "Chant de l'Ours", puisqu'avant on chantait lors de la fête donnée en l'honneur du grizzly...
Bible de Winchester, fin XIIe |
A une époque où on tente aussi de prouver que sa noblesse remonte à loin, certaines familles se vantent d'avoir des ours pour ancêtres : c'est notamment le cas pour le roi danois Sven II (XIe siècle) ou de la famille italienne Orsini. Comme on peut le voir, l'idée que l'ours est un roi, comme il l'était déjà à l'époque d'Arthur, n'a pas totalement disparu
source |
L'ours et la rose romaine : symboles de la famille Orsini
Après avoir lu ton article, j'ai fait une recherche sur l'ours et le prénom Martin. Dans un article des Pyrénées, il est dit qu'un ours a mangé l'âne d'un Saint Homme et non pas l'âme ? Et qu'ensuite, l'ours a porté le baluchon du Saint Homme....
RépondreSupprimerJ'en conclus que l'ours est bien gourmand ... :-)
Je n'ai rien trouvé concernant un ours qui mangerait l'âme d'un saint... mais après c'est possible, je n'ai pas lu tous les articles concernant l'ours ;-). Si tu retrouves le lien en question, je voudrais bien regarder.
SupprimerEh oui l'ours est un gros gourmand : il le faut bien puisqu'en Hiver il est à la diète =D
le christianisme a souvent bouleversé la vie des gens pour s'imposer, je ne pensais pas que cela datait du moyen âge
RépondreSupprimerEn fait ça a commencé dès "l'an 0", puisque justement on est reparti à zéro avec Jésus Christ et le développement de sa bonne parole... Mais les choses se sont effectivement accentuée au Moyen Âge. De plus en plus de pays et de coins campagnards reculés sont évangélisés, il y a des guerres de religion, on donne des messes en langue "populaire"... etc. Et, par conséquent, on devient de moins en moins indulgent avec les "païens" !
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