La figure de l'ours ou d'hartz a donné naissance, dans les Pyrénées, à un conte populaire : Jean de l'Ours (aussi nommé, suivant les langues et les patois, Juan Artz, Xan de l’Ours ou Joan de l’Ós.
Cette histoire existe sous sous plusieurs versions, mais en résumé, voici son contenu :
Il était une fois une jeune femme qui fut enlevée par un ours, lequel la tint prisonnière dans sa caverne. Quelques mois plus tard, elle donna naissance à un garçon, qui fut baptisé Jean de l'Ours. Très velu et doté d'une force prodigieuse, il réussit à pousser la pierre qui fermait la caverne : ils s'enfuient tous deux avec sa mère.
Ils retournèrent vivre dans le village de la femme, et Jean de l'Ours devint apprenti forgeron. Lors de son noviciat, il se tailla une grosse canne en fer qui décupla encore sa puissance.
Après quoi, il partit à l'aventure. En chemin, il rencontra deux autres compagnons, aussi costauds que lui : le premier déracinait facilement des chênes, un autre pouvait porter des moulins (ou des montagnes). Ils voyagèrent ensemble jusqu'à un puits très profond, où Jean l'Ours descendit. Après avoir traversé une rivière de plomb en utilisant sa canne en guise de pont, puis avoir tué des bêtes monstrueuses (loup, lion, chat...) grâce à ladite canne, Jean atteignit un château. A l'intérieur étaient prisonnières des princesses, que Jean délivra avant de remonter avec elle à la surface.
Bien entendu, à la fin, Jean et ses compagnons épousent chacun l'une des princesses !
Mi-homme mi-ours, Jean de l'Ours n'est pas un personnage exclusivement réservé aux Pyrénées. En réalité, il représente l'Homme sauvage, l'homme-bête, qu'on trouve sous différents noms dans bien des cultures (yéti, bigfoot, barmanou...). Mystérieux, invisible, il vivrait dans nos montagnes et nos forêts encore plus discret qu'un ours...
Ce personnage de Jean de l'Ours se retrouve ainsi dans des contes bretons, mais aussi en Russie par exemple dans le conte Ivachko-Ourseau récolté par Afanassiev, au Mexique (Juan de la burra), en Espagne (Juanito el Oso).
Par ailleurs, de nombreux mythes, contes ou légendes mettent en scène un couple femme-ours ou homme-ourse (souvenez-vous qu'on trouvait déjà pareil exemple dans la mythologie gréco-romaine).
Au XIIe siècle, Guillaume d'Auvergne rapporte également une histoire semblable : une femme aurait été enlevée et retenue prisonnière par un ours qui lui aurait donné 3 fils. Femme et enfant furent délivrés par un charbonnier, mais les garçons gardèrent quelques traits de leur père : ils étaient particulièrement poilus et avaient tendance à pencher la tête d'un côté, comme le font les ours.
c'est vraiment agréable à lire tous ces contes; les illustrations aussi sont belles. Quelle imagination et créativité !
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