La Licorne et le Corbeau

 Au Moyen Âge, la licorne était un animal bien présent dans la culture, que ce soit dans les œuvres littéraires, la symbolique, l'architecture, les blasons... La licorne était, par excellence, l'image de la pureté : blanche, liée à la virginité et à la sincérité, elle ne se montrait qu'aux vierges au cœur noble. 

Tout le contraire du corbeau, en somme. 

 

On trouve pourtant une fable mettant en scène une licorne face à un corbeau, et curieusement c'est la première qui est moquée tandis que le corbeau passe pour un sage. Cette fable apparaît dans un livre d'Ulrich von Pottenstein (XIVe s.) qui traduit en allemand les fables latine du pseudo-Cyrillus écrites vers le Ve siècle. L'histoire, méconnue en France, est devenue célèbre en Allemagne et a été reprise par plusieurs fabulistes dans les siècles suivant. 

 

Voilà ce que cette fable raconte :

 

Un corbeau était assis sur un rocher. La licorne le vit assis là et dit : "Maintenant, une preuve de ma force t'étonnera ; parce que je veux te montrer comment je renverse des montagnes." Aussitôt dit, elle fonça contre le rocher de toutes ses forces. Mais au lieu de trembler, sa corne se brisa et le fier animal tomba de douleur. "Pauvre Licorne ! s'écria le corbeau, tu dois encore me prouver ta force ; mais la preuve de ta bêtise et la vérité de l'adage l'orgueil détruit toutes choses, tu me les as données spontanément."

 

On trouve de belles enluminures de cette fable dans les manuscrits médiévaux.