La légende de Frédéric Barberousse

 En Allemagne, il existe une légende à propos de l'Empereur Frédéric Barberousse, souverain du Saint Empire germanique au XIIe siècle. 

 

Ce roi a trouvé la mort lors de la troisième croisade, en se noyant dans une rivière alors qu'il se rendait en Palestine. Apparemment, sa mort a ébranlé le peuple car les gens ne l'ont pas acceptée : la rumeur s'est répandue que l'Empereur était encore en vie. En réalité, il serait endormi sous une montagne Kyffhaeuser (en Thuringe). Assoupi sur une table de marbre, sa grande barbe rousse qui lui a valu son surnom continue à croître. Régulièrement (d'aucuns disent : tous les cent ans... ce qui n'est certes pas très fréquent !), il se réveille et envoie un nain au dehors, afin de vérifier que des corbeaux tournent toujours au-dessus de la montagne. Puisque c'est chaque fois le cas, il se rendort. En effet, la légende veut qu'il sorte pour de bon de son sommeil le jour où les corbeaux auront déserté l'endroit, chassés par un aigle. Il reviendra alors régner sur son Saint Empire (et les actuels gouvernants allemands seront bien embêtés !

 

Barberousse dans sa caverne, gravure du XIXe s.

A propos de l'histoire de Barberousse , Michelet écrit, au XIXe siècle :

 "Ils disent que leur grand empereur Frédéric-Barberousse n’est pas mort ; il dort seulement. C’est dans un vieux château désert, sur une montagne. Un berger l’y a vu, ayant pénétré à travers les ronces et les broussailles ; il était dans son armure de fer, accoudé sur une table de pierre, et sans doute il y avait longtemps, car sa barbe avait crû autour de la table et l’avait embrassée neuf fois. L’empereur, soulevant à peine sa tête appesantie, dit seulement au berger : 

— Les corbeaux volent-ils encore autour de la montagne ? 

— Oui, encore. 

— Ah ! bon, je puis me rendormir." 

Peinture murale d'Hermann Wislicenus (XIXe s.)

 

Dans cette légende, le corbeau joue donc encore un rôle prophétique, messianique. Elle tire probablement ses origines du folklore celte ou scandinave. Par exemple on trouve un thème plus ou moins identique à propos du Roi Arthur, censé reparaître un jour, même des siècles après sa disparition... Par ailleurs, dans certains romans de Table Ronde espagnols, il est dit qu'Arthur attend son heure dans le corps d'un corbeau.

 

Illustration tirée d'un livre de Johanes Scheer