Quelle postérité a connu la fable du Corbeau et du Renart après Jean de La Fontaine ? C'est ce que je vous propose d'explorer aujourd'hui !
* Henri Richer, au XVIIIe siècle, retourne la fable en faisant du Renard le trompé et du Corbeau le trompeur :
Maître Corbeau, voyant Maître Renard
Qui mangeait un morceau de lard
Lui dit : « Que tiens-tu là, compère ?
Selon moi, C’est un mauvais plat.
Je te croyais le goût plus délicat.
Quand tu veux faire bonne chère,
T’en tenir à du lard ! Regarde ces canards,
Ces poulets qui fuient leur mère ;
Voilà le vrai gibier de messieurs les renards :
As-tu perdu ton antique prouesse ?
Je t’ai vu cependant jadis un maître escroc.
Crois-moi ; laisse ton lard ; ces poulets te font hoc,
Si tu veux employer le quart de ton adresse. "
Maître Renard ainsi flatté,
Comme un autre animal, sensible à la louange,
Quitte sa proie et prend le change.
Mais sa finesse et son agilité
Ne servirent de rien ; car la gent volatile
Trouva promptement un asile.
Notre renard retourne à son premier morceau.
Quelle fut sa surprise ! il voit Maître Corbeau
Mangeant le lard, perché sur un branchage ;
Et qui lui cria : "Mon ami,
À trompeur, trompeur et demi !"
Qui mangeait un morceau de lard
Lui dit : « Que tiens-tu là, compère ?
Selon moi, C’est un mauvais plat.
Je te croyais le goût plus délicat.
Quand tu veux faire bonne chère,
T’en tenir à du lard ! Regarde ces canards,
Ces poulets qui fuient leur mère ;
Voilà le vrai gibier de messieurs les renards :
As-tu perdu ton antique prouesse ?
Je t’ai vu cependant jadis un maître escroc.
Crois-moi ; laisse ton lard ; ces poulets te font hoc,
Si tu veux employer le quart de ton adresse. "
Maître Renard ainsi flatté,
Comme un autre animal, sensible à la louange,
Quitte sa proie et prend le change.
Mais sa finesse et son agilité
Ne servirent de rien ; car la gent volatile
Trouva promptement un asile.
Notre renard retourne à son premier morceau.
Quelle fut sa surprise ! il voit Maître Corbeau
Mangeant le lard, perché sur un branchage ;
Et qui lui cria : "Mon ami,
À trompeur, trompeur et demi !"
Asiette du XVIIIe s. (source) |
*Louis Jauffret, au XVIIIe siècle, choisit aussi de punir le renard. Il remplace le fromage par un morceau de viande empoisonné, qui tue le goupil qui y goûte... Du coup, la morale s'en trouve changée.
Certain jour que des prés il rasait la surface,
Maître corbeau, sur le gazon,
Trouve un morceau de chair. Soudain, l’oiseau vorace,
Ignorant que l’appât recèle du poison,
L’enlève, et prend son vol vers le prochain vallon.
Là, perché sur un arbre, et contemplant sa proie,
Avant de l’avaler, il croasse de joie.
Heureusement pour lui, ses sauvages accents,
Que les échos rendaient encore plus perçants,
Attirent un renard. L’hypocrite compère,
De loin, lorgne le mets, l’examine, le flaire,
Estime qu’il sera des plus appétissants.
Il salue humblement le sire au noir plumage :
" Oiseau de Jupiter, accepte mon hommage !
Cria-t-il au corbeau. Que je dois te bénir !
Tu nourris ma vieillesse avec un soin unique,
Et, d’un renard goutteux, cassé, paralytique,
Ta bonté, chaque jour, peut bien se souvenir.
-- Pour qui me prends-tu, je te prie ?
Interrompt le corbeau. -- Pour l’aigle généreux,
Appui de ma mourante vie,
Qui daigne, chaque jour, venir, du haut des cieux,
M’apporter à dîner dans ce lieu solitaire.
- Oh ! oh ! je passe donc pour un aigle à tes yeux !
Dit le corbeau tout bas ; il s’y connaît, je pense,
Avec l’aigle, en effet, j’ai quelque ressemblance.
Allons… De l’envoyé du souverain des Dieux
Soutenons jusqu’au bout le rôle glorieux,
Et donnons au renard ce mets pour récompense. "
Il dit, lâche sa proie, et regagnant les airs,
Feint de se diriger au séjour des éclairs.
Le renard, d’une dent gloutonne,
Fond sur le mets empoisonné.
Vous devinez son sort. Bientôt l’infortuné
Ressent d’affreux tourments. Il s’agite, il frissonne,
À l’aspect du trépas dont l’horreur l’environne.
Il expire dans les douleurs.
Que ne peuvent ainsi périr tous les flatteurs
Maître corbeau, sur le gazon,
Trouve un morceau de chair. Soudain, l’oiseau vorace,
Ignorant que l’appât recèle du poison,
L’enlève, et prend son vol vers le prochain vallon.
Là, perché sur un arbre, et contemplant sa proie,
Avant de l’avaler, il croasse de joie.
Heureusement pour lui, ses sauvages accents,
Que les échos rendaient encore plus perçants,
Attirent un renard. L’hypocrite compère,
De loin, lorgne le mets, l’examine, le flaire,
Estime qu’il sera des plus appétissants.
Il salue humblement le sire au noir plumage :
" Oiseau de Jupiter, accepte mon hommage !
Cria-t-il au corbeau. Que je dois te bénir !
Tu nourris ma vieillesse avec un soin unique,
Et, d’un renard goutteux, cassé, paralytique,
Ta bonté, chaque jour, peut bien se souvenir.
-- Pour qui me prends-tu, je te prie ?
Interrompt le corbeau. -- Pour l’aigle généreux,
Appui de ma mourante vie,
Qui daigne, chaque jour, venir, du haut des cieux,
M’apporter à dîner dans ce lieu solitaire.
- Oh ! oh ! je passe donc pour un aigle à tes yeux !
Dit le corbeau tout bas ; il s’y connaît, je pense,
Avec l’aigle, en effet, j’ai quelque ressemblance.
Allons… De l’envoyé du souverain des Dieux
Soutenons jusqu’au bout le rôle glorieux,
Et donnons au renard ce mets pour récompense. "
Il dit, lâche sa proie, et regagnant les airs,
Feint de se diriger au séjour des éclairs.
Le renard, d’une dent gloutonne,
Fond sur le mets empoisonné.
Vous devinez son sort. Bientôt l’infortuné
Ressent d’affreux tourments. Il s’agite, il frissonne,
À l’aspect du trépas dont l’horreur l’environne.
Il expire dans les douleurs.
Que ne peuvent ainsi périr tous les flatteurs
*Léon Tolstoï, XIXe siècle, adaptateur en Russe des fables d'Esope pour les enfants sous forme de contes.
Un corbeau, ayant attrapé quelque part un morceau de viande, se percha sur un arbre. Le renard tenté par cette proie s’approcha et lui dit :
— Cher corbeau ! Par la taille et la beauté, tu mérites d’être roi, et sûrement, tu le serais, si tu avais aussi une belle voix.
Le corbeau ouvrit le bec et cria aussi fort qu’il put. Le morceau de viande tomba. Le renard s’en saisit et dit :
— Ah ! corbeau ! Si tu joignais l’esprit à tous tes avantages tu serais certainement le roi !
Illustration d'A. Vimar |
*Dans sa traduction d'Alice au Pays des Merveilles (de Lewis Carroll), Henri Bué fait réciter le Corbeau et le Renard à Alice. En effet, la fillette cherche à se remémorer une poésie pour voir si elle a encore toute sa tête. Lewis Carroll ayant pour l'occasion réécrit une célèbre comptine anglaise, Henri Bué fait de même avec le Corbeau et le Renard pour que ce soit plus compréhensible par le lecteur français. Voici donc sa version :
Maître Corbeau sur un arbre perché
Faisait son nid entre des branches
Il avait relevé ses manches
Car il était très affairé
Maître Renard par là passant,
Lui dit : Descendez donc, compère ;
Venez embrasser votre frère."
Le Corbeau, le reconnaissant,
Lui répondit en son ramage :
"Fromage !"
***
Maintenant, quelques versions du XXe siècle :
*Jean-Luc Moreau donne encore une version où le renard est puni :
Or donc, Maître Corbeau,
Sur son arbre perché, se disait : « Quel dommage
Qu’un fromage aussi beau,
Qu’un aussi beau fromage
Soit plein de vers et sente si mauvais…
Tiens ! Voilà le renard. Je vais,
Lui qui me prend pour une poire,
Lui jouer, le cher ange, un tour de ma façon.
Ça lui servira de leçon ! «
Passons sur les détails, vous connaissez l’histoire :
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(Tant il rigole !),
Bref, le fromage dégringole…
Depuis, le renard n’est pas bien ;
Il est malade comme un chien.
Sur son arbre perché, se disait : « Quel dommage
Qu’un fromage aussi beau,
Qu’un aussi beau fromage
Soit plein de vers et sente si mauvais…
Tiens ! Voilà le renard. Je vais,
Lui qui me prend pour une poire,
Lui jouer, le cher ange, un tour de ma façon.
Ça lui servira de leçon ! «
Passons sur les détails, vous connaissez l’histoire :
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(Tant il rigole !),
Bref, le fromage dégringole…
Depuis, le renard n’est pas bien ;
Il est malade comme un chien.
*Gudule écrit une "contre-fable", qui commence à la fin de celle de La Fontaine, et nous montre un corbeau et un renard réconciliés :
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus !
Ayant un long moment médité l’aventure
Le Corbeau s’envola, avec l’espoir ténu
De dénicher dans la nature
Quelque chiche aliment à mettre à son menu.
Il scrutait la forêt, sous lui, lorsque soudain
Des coups de fusil retentissent.
Renard, surpris en plein festin,
Lâche son camembert et dans un trou se glisse.
" Oh oh ! dit Corbeau, l’occasion est trop belle ! «
Sur le fromage, il fond à tire-d’aile
Et dans les airs l’emporte sans tarder.
Juste à temps ! La main sur la gâchette
Cherchant à repérer de Goupil la cachette
Apparaît l’homme armé.
Mais du gibier qu’il traque il ne trouve point trace :
Bredouille, le chasseur abandonne la chasse.
Par son larcin, Corbeau, sans le savoir,
A sauvé la vie du fuyard.
Tout penaud, le Renard sort alors de son antre
Et devant le Corbeau qui se remplit le ventre
Constate en soupirant : « Je vais jeûner, ce soir ! «
Mais l’autre calmement descend de son perchoir
Et posant sur le sol ce qui reste du mets
Invite son compère à se joindre au banquet.
" Tu es rusé, dit-il, et moi je fends l’espace,
Ensemble nous formons un duo efficace.
Plutôt que de chercher l’un l’autre à nous voler
Pourquoi ne pas nous entraider ? "
Honteux et confus, le Renard
De la proposition admit le bien-fondé,
Jurant, mais un peu tard,
D’exercer désormais la solidarité.
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus !
Ayant un long moment médité l’aventure
Le Corbeau s’envola, avec l’espoir ténu
De dénicher dans la nature
Quelque chiche aliment à mettre à son menu.
Il scrutait la forêt, sous lui, lorsque soudain
Des coups de fusil retentissent.
Renard, surpris en plein festin,
Lâche son camembert et dans un trou se glisse.
" Oh oh ! dit Corbeau, l’occasion est trop belle ! «
Sur le fromage, il fond à tire-d’aile
Et dans les airs l’emporte sans tarder.
Juste à temps ! La main sur la gâchette
Cherchant à repérer de Goupil la cachette
Apparaît l’homme armé.
Mais du gibier qu’il traque il ne trouve point trace :
Bredouille, le chasseur abandonne la chasse.
Par son larcin, Corbeau, sans le savoir,
A sauvé la vie du fuyard.
Tout penaud, le Renard sort alors de son antre
Et devant le Corbeau qui se remplit le ventre
Constate en soupirant : « Je vais jeûner, ce soir ! «
Mais l’autre calmement descend de son perchoir
Et posant sur le sol ce qui reste du mets
Invite son compère à se joindre au banquet.
" Tu es rusé, dit-il, et moi je fends l’espace,
Ensemble nous formons un duo efficace.
Plutôt que de chercher l’un l’autre à nous voler
Pourquoi ne pas nous entraider ? "
Honteux et confus, le Renard
De la proposition admit le bien-fondé,
Jurant, mais un peu tard,
D’exercer désormais la solidarité.
*Traduction d'une fable en sabir écrite par Kaddour
Un jour, Monsieur Corbeau
Qui était sur son arbre, tout à fait en haut
Gardait dans sa bouche un fromage
(Je crois qu’il l’avait volé dans le village).
Monsieur Renard qui vient se promener,
Se dira : "J’ai trouvé, pour bien déjeuner !"
Alors il vient près du corbeau,
Il lui dit : "Comme vous êtes beau !!
Vous avez un beau manteau ;
Et je crois que si votre chanson
Est de la même étoffe que votre pantalon
Vous êtes le sultan de cet établissement. "
Le corbeau qui est bien content,
Ouvre la bouche un moment,
Pour lui chanter sa chanson favorite.
Mais Monsieur le Renard se met à courir bien vite
Avec son grand courage !!!
Pour attraper le fromage,
Qui est tombé.
Après ? Il se sauve.
Le corbeau se trouva tout à fait idiot.
Qui était sur son arbre, tout à fait en haut
Gardait dans sa bouche un fromage
(Je crois qu’il l’avait volé dans le village).
Monsieur Renard qui vient se promener,
Se dira : "J’ai trouvé, pour bien déjeuner !"
Alors il vient près du corbeau,
Il lui dit : "Comme vous êtes beau !!
Vous avez un beau manteau ;
Et je crois que si votre chanson
Est de la même étoffe que votre pantalon
Vous êtes le sultan de cet établissement. "
Le corbeau qui est bien content,
Ouvre la bouche un moment,
Pour lui chanter sa chanson favorite.
Mais Monsieur le Renard se met à courir bien vite
Avec son grand courage !!!
Pour attraper le fromage,
Qui est tombé.
Après ? Il se sauve.
Le corbeau se trouva tout à fait idiot.
Et encore quelques autres versions amusantes
* En Bruxellois, signée par un certain Virgile (pseudo de Léon Crabbé):
Menhier le corbeau, sur un bûmeke perché,
Tenait dans son bleis
Un hettekeis.
Menhier le Renard, par l'odeur faxiné
Passait juchtement par là
Et y dit comme ça :
- Tiens qui voilà ! Mais c'est Suske le corbeau !
Podferdekke, breuke, vous êt's joliment beau !
Comment c'que tout's ces plumes
ça sait faire un si beau costume !
Et si vous êt's capabel de chanter
Aussi bien que vous êt's habillé,
Sans mentir, tous les oiseaux de ce bois
Sont de la crotte à côte de toi !
Le rossignol est un snul
Et le pinson, un tatchelul !
Le corbeau en entendant ça,
Veut chanter un' dontje d'opéra.
Il ouvre son bec grand comme un' port' cochère
Et klett ! Son hettekeis triboule par terre.
Le renard saut' dessus et en un', deux, trois,
Y l'avait scamoté dans son estomac.
Alors, y dit : Apprenez, beau chanteur,
Qu'y faut jamais écouter les flatteurs !
En vous frottant la manche, y vous attrapent !
Och èrme ! Le corbeau, y savait plus dir' : pape !
Aussi la prochain' fois, au lieu d'ouvrir son bec,
Y répondra : Mon cher, den deuvel on' â nek !
Tenait dans son bleis
Un hettekeis.
Menhier le Renard, par l'odeur faxiné
Passait juchtement par là
Et y dit comme ça :
- Tiens qui voilà ! Mais c'est Suske le corbeau !
Podferdekke, breuke, vous êt's joliment beau !
Comment c'que tout's ces plumes
ça sait faire un si beau costume !
Et si vous êt's capabel de chanter
Aussi bien que vous êt's habillé,
Sans mentir, tous les oiseaux de ce bois
Sont de la crotte à côte de toi !
Le rossignol est un snul
Et le pinson, un tatchelul !
Le corbeau en entendant ça,
Veut chanter un' dontje d'opéra.
Il ouvre son bec grand comme un' port' cochère
Et klett ! Son hettekeis triboule par terre.
Le renard saut' dessus et en un', deux, trois,
Y l'avait scamoté dans son estomac.
Alors, y dit : Apprenez, beau chanteur,
Qu'y faut jamais écouter les flatteurs !
En vous frottant la manche, y vous attrapent !
Och èrme ! Le corbeau, y savait plus dir' : pape !
Aussi la prochain' fois, au lieu d'ouvrir son bec,
Y répondra : Mon cher, den deuvel on' â nek !
Lexique
Menhier : monsieur
Bûmeke : petit arbre, arbrisseau
Bleis : figure ronde
Hettekeis : fromage de Bruxelles
Suske : diminutif de François
Podferdekke : nom de...
Breuke : mon vieux, frère (petit)
Snul : minus, idiot
Tatchelul : bête type, benêt
Dontje : chansonnette, morceau de musique
Klett : interjection, genre "vlan", "patatras"...
Tribouler : dégringoler, tomber, renverser
Och èrme : bon Dieu
Dire : "pape" : dire un mot, proférer un son
Den deuvel on' â nek ! : "le diable autour de ton cou" (= va au diable)
Bûmeke : petit arbre, arbrisseau
Bleis : figure ronde
Hettekeis : fromage de Bruxelles
Suske : diminutif de François
Podferdekke : nom de...
Breuke : mon vieux, frère (petit)
Snul : minus, idiot
Tatchelul : bête type, benêt
Dontje : chansonnette, morceau de musique
Klett : interjection, genre "vlan", "patatras"...
Tribouler : dégringoler, tomber, renverser
Och èrme : bon Dieu
Dire : "pape" : dire un mot, proférer un son
Den deuvel on' â nek ! : "le diable autour de ton cou" (= va au diable)
Timbre illustré par René Hausman (source) |
*Version en argot de Pierre Perret :
Maître Corbeau sur un chêne mastard
Tenait un from'ton dans le clapoir.
Maître Renard reniflant qu'au balcon
Quelque sombre zonard débouchait les flacons
Lui dit: "Salut Corbac,
c'est vous que je cherchais.
A côté du costard que vous portez, mon cher,
La robe du soir du Paon est une serpillière.
De plus, quand vous chantez, il paraîtrait sans charre
Que les merles du coin en ont tous des cauchemars."
A ces mots le Corbeau plus fier que sa crémière,
Ouvrit grand comme un four son piège à ver de terre.
Et entonnant "Rigoletto" il laissa choir son calendo.
Le Renard le lui pique et dit: "Apprends mon gars
Que si tu ne veux point tomber dans la panade
N'esgourde point celui qui te passe la pommade ..."
Moralité:
On doit reconnaître en tout cas
Que grâce à Monsieur La Fontaine
Très peu de chanteurs d'opéra
Chantent aujourd'hui la bouche pleine.
Tenait un from'ton dans le clapoir.
Maître Renard reniflant qu'au balcon
Quelque sombre zonard débouchait les flacons
Lui dit: "Salut Corbac,
c'est vous que je cherchais.
A côté du costard que vous portez, mon cher,
La robe du soir du Paon est une serpillière.
De plus, quand vous chantez, il paraîtrait sans charre
Que les merles du coin en ont tous des cauchemars."
A ces mots le Corbeau plus fier que sa crémière,
Ouvrit grand comme un four son piège à ver de terre.
Et entonnant "Rigoletto" il laissa choir son calendo.
Le Renard le lui pique et dit: "Apprends mon gars
Que si tu ne veux point tomber dans la panade
N'esgourde point celui qui te passe la pommade ..."
Moralité:
On doit reconnaître en tout cas
Que grâce à Monsieur La Fontaine
Très peu de chanteurs d'opéra
Chantent aujourd'hui la bouche pleine.
Fresque murale à Grandris (image du site Trompe l'oeil info) |
*Version en argot de Bernard Gelval :
Un pignouf de corbac sur un abri planqué
S’envoyait par la fiole un coulant barraqué.
Un goupil n’ayant eu qu’un cent d’clous pour bectance,
S’en vint lui dégoiser un tantinet jactance :
Salut, dab croasseur ! Lui bonnit-il d’autor.
En disant qu’t’es l’plus beau, j’ai pas peur d’avoir tort !
Si tu pousses la gueulante aussi bien qu’t’es nippé,
T’es l’mecton à la r’dresse des mectons du boicqué !"
À ces ragots guincheurs qui n’étaient pas mariolles,
Le corbac lui balance le roulant par la fiolle.
" Enlevé, c’est pesé, j’tai baisé, dit l’goupil.
Fais bien gaffe aux p’tits gonzes qui t’la font à l’estoc,
Et t’gazouillent par la couâne des bobards à l’esbroff. "
S’envoyait par la fiole un coulant barraqué.
Un goupil n’ayant eu qu’un cent d’clous pour bectance,
S’en vint lui dégoiser un tantinet jactance :
Salut, dab croasseur ! Lui bonnit-il d’autor.
En disant qu’t’es l’plus beau, j’ai pas peur d’avoir tort !
Si tu pousses la gueulante aussi bien qu’t’es nippé,
T’es l’mecton à la r’dresse des mectons du boicqué !"
À ces ragots guincheurs qui n’étaient pas mariolles,
Le corbac lui balance le roulant par la fiolle.
" Enlevé, c’est pesé, j’tai baisé, dit l’goupil.
Fais bien gaffe aux p’tits gonzes qui t’la font à l’estoc,
Et t’gazouillent par la couâne des bobards à l’esbroff. "
* Version en verlan, que vous pouvez lire et aussi écouter dans la vidéo (qui est capable de réciter ça ?? Pas moi !)
Le Beaucor et le Narreu
Maître Beaucor, sur un arbre chéper,
Naitteu en son quebé un magefro.
Maître Narreu, par la deuro alléché,
Lui tint à peu près ce gagelan :
« Et jourbon, Sieumon du Beaucor,
Que vous êtes lijo ! que vous me blessen beau !
Sans tirmen, si votre magera
Se portra à votre mageplu,
Vous êtes le Nixphé des hôtes de ces wab »
A ces mots le Beaucor ne se sent pas de joie :
Et pour trémon sa belle voix,
Il ouvre un large quebé, laisse béton sa proie.
Le Narreu s'en zissai, et dit : « Mon bon Sieurmon,
Apprenez que tout teurfla
Vit aux pendé de luiceu qui le couté.
Cette çonleu vaut bien un magefro sans doute. »
Le Beaucor teuhon et fucon
Raju, mais un peu tard, qu'on ne l'y draipren plus.
*Et pour finir voici une version chantée par Chantal Goyat, qui reprend l'histoire du Corbeau et du Renard dans sa chanson "Mais en attendant Maître Renard".
***
J'arrêterai là, même s'il existe encore de multiples versions de cette fable !
Et vous, vous écrivez votre propre version ? En attendant, laquelle préférez-vous ?
quelle belle publication, riche, rigolote et parfois surprenante ! Toutes ces écritures sont superbes, j'ai cependant un penchant pour la contre-fable de Gudule, la version en argot de Pierre Perret, et celle en verlan, le beaucor et le Narreu. Par contre, je ne participe pas au concours de récitation ! Toutes les illustrations sont superbes, jusqu'au timbre, la fresque murale ... Bravo !
RépondreSupprimerHaha ! Ah bon, tu n'es pas prête à réciter en verlan ? ;-) Bah, tu peux apprendre la version que tu veux pour le concours de récitation =D
SupprimerCertaines fables vont dans le sens de mon dernier commentaire; très intéressant ton article, je me souviens de mon grand-père qui récitait cette fable en patois du nord. Si il y a un concours de récitation, je choisis celle de Léon Tolstoï et celle récitée par Alice (elles sont courtes mais tout est dit) (+-+)
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