Marie de France est une poétesse médiévale du XIIe siècle, connue notamment pour ses Isopets : des reprises des fables d’Ésope. L'une d'elle, D'une corneille et d'une oeille, met en scène une corneille et une brebis (comme le titre l'indique !). La voici traduite en français moderne :
Ainsi advint qu’une corneille
S’assit sur le dos d’une agnelle ;
Et, du bec, la frappa durement,
Tirant sur sa laine âprement.
La brebis demanda « pourquoi
Chevauches-tu ainsi sur moi ?
Ôte-toi de là, tu ferais bien ;
Va t’asseoir, un temps, sur ce chien
Et fais-lui donc tout comme à moi. »
La corneille dit : « par ma foi,
Inutile de te soucier
De rien m’apprendre ou m’enseigner
Je suis de long temps éduquée,
Et je suis sage et avisée ;
Je sais bien, sur qui je m’assieds
Et, en sûreté, où demeurer. »
Moralité
Ainsi, nous montre bien l’adage
Comme est vrai ce qu’a dit le sage,
en grand reproche et grande prêche :
La chat sait bien quelle barbe il lèche,
Le fourbe sait bien discerner
Qui il peut tenir sous son pied.
Cette fable avait donc déjà été dite par Esope, dont voici une traduction du XVIIe siècle
La Corneille se débattait sur le dos d’une Brebis, qui ne pouvant se défendre; « Assurément », lui dit-elle, « si tu en faisais autant à quelque chien, il t’en arriverait du malheur ». « Cela serait bon », lui répondit la Corneille, « si je ne savais bien à qui je me joue ; car je suis mauvaise aux débonnaires, et bonne aux méchants ».
source |
Autrement dit, cette fable nous rappelle que les méchants s'en prennent aux innocents et non à plus méchants qu'eux car ils risqueraient d'y laisser des plumes... Sans étonnement, c'est la corneille qui joue le rôle du méchant, et la brebis celui du gentil : même si elle date de l'Antiquité, cette fable doit être encore plus parlante pour les croyants chrétiens du XIIe siècle
Enluminure d'un manuscrit du XIIIe s.
Cet article se base sur un post du site Moyen Âge Passion qui donne la traduction en français moderne de l'Isopet de Marie de France.
C'est toujours d'actualité, et même si la formule est simpliste, les méchants s'en prennent aux gentils ! Quel camp choisir ???
RépondreSupprimerOui c'est vrai ! Mais cette fable nous montre aussi qu'il y a plus méchant qu'un méchant (du type : le chien est plus méchant que la corneille...). La brebis ne devrait-elle pas se rebiffer plutôt que se laisser manger la laine sur le dos ?
SupprimerC'est aussi vieux que le monde de s'en prendre aux faibles et à plus petit que soi
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