Pline l'Ancien, dans son Histoire Naturelle, nous raconte aussi cette anecdote à propos d'un corbeau trouvé par un cordonnier :
"Rendons aussi justice aux corbeaux, dont le mérite a été attesté non seulement par le sentiment du peuple romain, mais aussi par son indignation. Sous le règne de Tibère, un petit, né dans un nid placé sur le temple des Dioscures, tomba dans une boutique de cordonnier située vis-à-vis : la religion même le recommandait au maître de la boutique. L'oiseau, habitué de bonne heure à parler, s'envolait tous les matins sur la tribune, et, tourné vers le forum, il saluait nominativement Tibère, puis les Césars Germanicus et Drusus, puis le peuple qui passait sur la place; après, il retournait dans la boutique. Son assiduité fit pendant plusieurs années l'admiration générale.
Un cordonnier voisin le tua, soit par jalousie, soit par un accès soudain de colère, comme il voulut le faire croire, parce que l'oiseau lui avait sali des chaussures par ses excréments. La multitude en conçut tant de fureur, que d'abord elle chassa de ce quartier, puis tua le coupable. Une foule innombrable assista aux funérailles solennelles de l'oiseau; le lit funéraire fut porté sur les épaules de deux Éthiopiens précédés d'un joueur de flûte, avec des couronnes de toute espèce, jusqu'au bûcher, qui était élevé à la droite de la voie Appienne, à deux milles de Rome, dans le champ appela Rediculus.
Ainsi le talent d'un oiseau parut au peuple romain une juste cause de faire des funérailles solennelles, ou de punir de mort un citoyen, dans une ville où aucun cortège n'avait suivi le convoi de tant d'hommes remarquables, et où personne n'avait vengé la mort de Scipio Émilien, destructeur de Carthage et de Numance. Ce fait se passa sous te consulat de M. Servilius et de C. Cestius, le 5 avant les kalendes d'avril (28 mars). Aujourd'hui même, au moment où j'écris, il y a dans Rome une corneille qui appartient à un chevalier romain : elle vient de le Bétique. Remarquable par sa couleur absolument noire, elle prononce en outre des phrases entières, et chaque jour elle en apprend de nouvelles."
Ce petit "fait divers" nous confirme ainsi que :
- corbeaux et corneilles, comme les perroquets, peuvent apprendre à parler
- le fait que ce corbeau rendait grâce aux grands hommes le rapproche des oiseaux devins (sorte de messager des dieux)
- les corbeaux ont pu faire l'objet d'un certain culte : ils n'ont pas toujours été pensé maléfiques ou de mauvais augure...
Très élégant le corbeau botté...
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