Les oreillards du Pays des Merveilles

 Il va sans dire que je suis obligée de vous parler des léporidés d'Alice au Pays des Merveilles cet Été ! 

Ce livre, qui pour mémo a été écrit par Lewis Carroll et illustré par John Tenniel lors de sa publications en 1865, comporte en effet deux personnages à grandes oreilles emblématiques. 

Tout d'abord, le Lapin Blanc (White Rabbit en anglais). Il apparaît dès le premier chapitre, et c'est grâce à lui qu'Alice arrive au Pays des Merveilles : alors qu'elle est en train de rêvasser dans le jardin, quand...

"tout à coup un lapin blanc aux yeux roses passa près d’elle.
Il n’y avait rien là de bien étonnant, et Alice ne trouva même pas très-extraordinaire d’entendre parler le Lapin qui se disait : « Ah ! j’arriverai trop tard ! » (En y songeant après, il lui sembla bien qu’elle aurait dû s’en étonner, mais sur le moment cela lui avait paru tout naturel.) Cependant, quand le Lapin vint à tirer une montre de son gousset, la regarda, puis se prit à courir de plus belle, Alice sauta sur ses pieds, frappée de cette idée que jamais elle n’avait vu de lapin avec un gousset et une montre"

 

 

Alice n'est donc pas étonnée de voir un lapin... ni même de l'entendre parler. En revanche, c'est le voir avec cette montre à gousset qui fait "tilt" dans son esprit. Outre cette montre et ce gousset, le Lapin a d'autres accessoires : une paire de gants de chevreau blancs et un éventail (c'est d'ailleurs cet éventail qui permet à Alice de rapetisser). C'est donc quelqu'un de très raffiné.

Il a toujours peur d'être en retard : voilà qui explique probablement pourquoi les lapins courent si vite !

 

 Durant sa promenade à travers le Pays des Merveilles, Alice cherche toujours à rattraper ce lapin et à savoir où il va.

La fillette le revoit dans sa propre maison, puis chez la Reine de Coeur pour une partie de croquet et un procès. 

Alice devant la maison du Lapin, dessin de Mary Blair pour Disney

Dans l'album Madame le Lapin Blanc, Gilles Bachelet imagine la vie de famille du Lapin Blanc

Le Lapin Blanc est un personnage assez craintif : il sursaute et s'enfuit quand il entend Alice l'appeler alors qu'elle est beaucoup plus grande que lui. De même, chez la Reine de Cœur, il est toujours ému, agité, parle très bas de peur que Sa Majesté l'entende et lui tranche la tête.

On peut penser qu'il travaille pour la Duchesse car il ne cesse de répéter  « La Duchesse ! La Duchesse ! »

Cependant, dans la dernière partie du livre, il apparaît comme un héraut du Roi et de la Reine de Cœur (il porte leur livrée et sonne la trompette pour les annoncer).  

 

 Lui-même embauche une domestique du nom de Marianne : il confond Alice avec cette servante quand elle arrive chez lui et l'envoie dans sa chambre chercher ses accessoires. 

 

Dans cette BD, Tommy Kovac et Sonny Liew inventent les aventures de Maryann, la servante du Lapin Blanc

Je m’enorgueillis d'être toujours prompt et fiable pour la reine. Je ne pourrais même pas rêver d'être en retard// ... Ou e-e-elle me couperait la tête !

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Le deuxième léporidé à apparaître dans Alice est le Lièvre de Mars (March Hare). 

C'est le Chat de Cheshire qui indique à la fillette le chemin pour se rendre chez lui. Au début, Alice est un peu inquiète. En effet, le Lièvre porte ce nom d'après le proverbe "être fou comme un lièvre de mars", c'est à dire être foufou comme un lièvre qui sent venir le printemps, gambade et cherche des hases. 

Toutefois, la curiosité d'Alice est plus forte que son inquiétude : elle se dit que comme on est en Mai, le Lièvre de Mars sera sûrement moins fou qu'en Mars !

Quand elle arrive chez lui "Elle pensa que ce devait bien être là la maison, car les cheminées étaient en forme d’oreilles et le toit était couvert de fourrure." Elle le trouve en train de boire le thé avec le Chapelier Toqué et le Loir. 

Bien qu'on ne soit pas en mars, le Lièvre reste assez toqué... et en même temps d'une logique imparable. Il reproche à Alice sa malpolitesse, l'engage à lui dire ce qu'elle pense au lieu de taire ses idées... d'un autre côté, il répare la montre du Chapelier avec du beurre extra-fin et parle par non-sens. Comme le Chapelier, il est condamné à prendre le thé éternellement car il s'est disputé avec le Temps : depuis, pour lui le temps s'est arrêté (à l'heure du goûter)

 

On le revoit dans la scène du procès chez la Reine où il est appelé pour témoigner: il nie avant qu'on avance quoi que ce soit, mais tout le monde prends ça très bien. 

 

Le lièvre conduit au tribunal dans le dessin animé de Disney

 

Le Lièvre de Mars devait être un personnage très important pour Lewis Carroll car c'est l'un des seuls (avec le Chapelier) qu'on retrouve de l'Autre Côté du Miroir, dans la deuxième aventure d'Alice. Il ne porte plus ce nom, il s'appelle Haigha (parfois Liev dans les traductions françaises), mais on le reconnaît car il a la même frimousse sur les illustrations... surtout qu'on le revoit prendre le thé et manger une tartine beurré en compagnie de l'autre messager, Hatta (Chaplé dans certaines traductions). 

 

 

On sait qu'il est très rapide, il arrive tout essoufflé : rien d'étonnant à ce qu'il soit messager !