Le Lièvre dans la culture slave (1) : création, couardise, fertilité et abondance.

 Dans la culture slave (anciennes croyances que partageaient des peuples d'Europe centrale et orientale), le lièvre a pu revêtir différents aspects.

Premièrement, son aspect couard a pu être souligné. Une légende biélorusse explique ainsi la création du lièvre : Dieu a sculpté tous les animaux dans de l'argile. Quant est venu le tour du lièvre, il s'est emballé et lui a formé des oreilles trop longues. Par conséquent, quand il a dû sculpter son cœur, il n'avait plus suffisamment d'argile : il a dû arracher un morceau de la queue pour pouvoir créer un tout petit cœur. Voilà pourquoi le lièvre a la queue si courte et un coeur si fragile qu'il prend peur pour un rien. 

Pour éviter que leur enfant hérite de la craintiveté et de la timidité du lièvre, en Bosnie et en Bulgarie, les femmes enceintes évitaient de consommer sa viande.

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Comme partout dans le monde, le lièvre est aussi associé à la fertilité et au mariage. 

Au niveau du panthéon slave, le lièvre était dédié au dieu Yarilo (Ярило en alphabet cyrillique. On trouve aussi les transcriptions Yarila, Jarilo, , Jarila, Yarovit,  Gerovit). Il s'agissait du dieu du Printemps, de la végétation, de la fertilité et de l'amour... autant d'attributs qui vont bien avec le lapin !  

 

Yarilo vu par Elena Feodor

 

Dans les chants de noces, le marié est souvent surnommé "lièvre blanc, hermine fringante". Dans certaines régions, le deuxième jour de son mariage, l'époux devait se déguiser en lièvre. 

Mais cet aspect n'est pas forcément positif : dans une chanson populaire russe on compare le marié à un lièvre tombé dans un piège, ce qui signifie que le célibataire a perdu sa liberté. Il existe aussi un proverbe ukrainien qui dit qu'une fille réussira à se marier quand elle aura attrapé un lièvre dans la forêt. 

Dans des endroits, des lapins étaient tricotés par le jeunes filles et présentés à des couples riches avec des chœurs élogieux lors de leur mariage.

Peinture d'Irena Aizen (source)

 

 On retrouve cette symbolique dans les jeux, quand les enfants font la ronde. L'un d'entre eux est placé au centre du cercle : c'est le lièvre-marié.  

 

(source)

Voici une vidéo de ce jeu. Si j'ai bien compris : les lièvres sont au centre de la ronde et doivent tenter de s'échapper hors des mailles du filet que forment les autres danseurs avec leurs bras. S'ils parviennent à passer sous les bras avant la fin du couplet, les joueurs maladroits qui les ont laissés filerdeviennent lièvres à leur tour. (Soit dit en passant : j'aurais adoré visiter cette librairie !)

 

 

Dans ce jeu, le lièvre est censé rejoindre sa fiancée, tandis que les toutes les prétendants s'inclinent (et lui aussi pour pouvoir passer). Voici les paroles de la comptine :

Le lièvre est gris, le lièvre est blanc
Il n'y a nulle part où le lièvre peut sauter, nulle part où le gris peut sauter.
Il y a des villes turques, des châteaux allemands.
Allez, lapin, saute de côté devant notre farandole!
Allez, lapin, tourne-toi vers quelqu'un que tu aimes, incline-toi.
Ne plaisante plus, embrasse !

 

(source)

(traduction approximative, merci de votre compréhension mais je n'ai jamais appris le russe ^^)

 

Dans certaines régions slaves, le lièvre a pu être le sujet de tabous alimentaires, mais dans le nord de la Russie, on le considérait  comme un symbole de vitalité, de puissance. Manger de la viande de lièvre était censé donner à une personne de l'énergie vitale, la doter de capacités magiques.