dimanche 3 septembre 2023

Lapins et lièvres dans les fables de La Fontaine

 Le XVIIe siècle voit le genre de la fable revenir au goût du jour, notamment dans la bonne société qui se plaît à lire ces récits poétiques et moralisés. Bien entendu, Jean de La Fontaine reste le plus connu (et le plus prolixe) des fabulistes. Voyons un peu comment il traite les lapinous dans ses poèmes. (Cliquez sur chaque titre pour lire la fable en entier, si le coeur vous en dit)

Dans Les Lapins (ou le Discours à M. de La Rochefoucault), il évoque des lapins comme des bêtes peureuses mais qui oublient bien vite leur crainte
Je foudroie à discrétion
Un lapin qui n’y pensait guère.
Je vois fuir aussitôt toute la nation
Des lapins qui, sur la bruyère,
L’œil éveillé, l’oreille au guet,
S’égayaient, et de thym parfumaient leur banquet.
Le bruit du coup fait que la bande
S’en va chercher sa sûreté
Dans la souterraine cité ;
Mais le danger s’oublie, et cette peur si grande
S’évanouit bientôt : je revois les lapins,
Plus gais qu’auparavant, revenir sous mes mains
 
(illustrateur inconnu)


Dans Les Oreilles du Lièvre, le lièvre est encore montré comme un trouillard. Le Lion, roi des animaux, décide de bannir de son royaume tous les animaux cornus. Le lièvre, de peur qu'on prenne ses oreilles pour des cornes, préfère s'exiler... Mais ce lièvre est aussi un sage :  il sait que devant plus fort que lui, même s'il tente de se justifier, il aura toujours tort...
 
Réclame du XIXe s. (source)

 
 Au contraire, dans Le Lion s'en allant en guerre, on nous montre un monarque juste et préoccupé par tous ses sujets : alors qu'il part à la guerre et requiert l'aide de tous ses sujets, on conseille au roi Lion de laisser au pays l'âne badaud et le lièvre couard. Mais le Lion sait leur trouver un usage : l'âne sera trompette et le lièvre, au pied rapide, sera courrier.

Illustration de Marc Chagall (XXe s.)


Le Lièvre et la Perdrix qui a pour morale Il ne se faut jamais moquer des misérables: / Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? décrit un lièvre attaqué par une meute de chien de chasse. Sa voisine la perdrix se moque de lui, jusqu'à ce qu'un autour lui règle son sort ! 
(Cette histoire a été reprise d'une fable de Phèdre, auteur latin du Ier siècle. Pour lire la version antique, vous pouvez cliquer ici)

Illustration de Benjamin Rabier (XXe s.)


Le Lièvre, une fois de plus, est vu comme un animal rapide (et trop confiant en lui, pour une fois) dans Le Lièvre et la Tortue que vous connaissez sans doute aussi bien que moi ! (Sachez que cette fable a d'abord été composée par Esope au VIIe s. av. J.C. Vous pouvez lire la version ancienne en cliquant ici)


 Version de Disney

Dans Le Jardinier et son Seigneur, un honnête jardinier se plaint au Seigneur de son bourg qu'un lièvre grignote ses légumes. Le Seigneur lui assure qu'il va lui régler son compte : on organise une partie de chasse dans le potager, et les chasseur causent bien des dégâts ! 
"...et les chiens et les gens
Firent plus de dégât en une heure de temps
Que n'en auraient fait en cent ans
Tous les lièvres de la province."

Illustration d'Auguste Delierre (XIXe s.) (source)


Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire d'autres fables d'Esope (plus anciennes, donc, qui datent de l'Antiquité) :

2 commentaires:

  1. Trop bien le lièvre et la tortue en dessin animé !

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  2. Je ne connaissais pas ce dessin animé qui décrit bien la fable, il donne une nouvelle morale : il ne sert à rien d'être trop présomptueux. "Dans le lion s'en va en guerre", je comprends que nous avons tous notre place dans la société. J'ai souris en lisant la fin du "Jardinier et son seigneur" c'est tellement vrai

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