Nous avons passé en revue les épisodes majeurs où apparaît Couard ans les versions françaises du Roman de Renart Dans
des épisodes des versions germaines (Reinhard Fuchs), néerlandaise (Van den vos Reynaerde) et britaniques (Reynard the Foxe) que je n'ai pas
trouvées en ancien français, le lièvre apparaît dans d'autres (més)aventures.
Par exemple, Renart feint de vouloir apprendre son
Credo à Couard mais il en profite pour le prendre à la gorge . (Vous pouvez voir ici une version en ancien néerlandais de l'épisode)
Illustration de Wilhelm von Kaulbach (1845) pour le livre de Goethe |
Les
textes précisent que Renart, pour son enseignement "l'a fait asseoir
entre ses jambes et lui criait Credo ! Credo !" Cette attitude n'est pas anodine : la position des personnages laisse suggérer que le lièvre est, pour Renart, une proie alimentaire et sexuelle : on a ici un exemple de critique d'un clergé perverti à travers les animaux. Ce qui est clairement visible dans les enluminures de cet épisodes, qui sont toutes ambiguës :
***
Dans un autre épisode des version germaines, néerlandaises et britanniques, Renart, pour se
racheter auprès du roi et ne pas être pendu malgré toutes ses fautes,
prétend savoir où est caché un trésor immense. Pour étayer son
témoignage, il fait appel à Couard qui arrive tout tremblant et explique
au Roi où se trouve le bois où est enterré ce trésor. Mais comment
savoir si Couard a donné raison à Renart pour éviter d'être mangé ?
Illustration de Wilhelm von Kaulbach (1845) pour le livre de Goethe |
Par
la suite, le Roi voudrait que Renart l'emmène près de ce trésor, même
si Couard pourrait le lui montrer lui aussi. Mais Renart feint encore le
repentir et prétend qu'il préfère partir en pèlerinage à Rome
auparavant, pour ne pas ternir la réputation de Noble. Les autres
animaux l'accompagnent sur un bout de chemin, le goupil feint la
tristesse de se séparer d'eux. Il insiste pour que Belin le mouton et
Couard le lièvre l'accompagne encore plus loin...
Illustration de Wilhelm von Kaulbach (1845) pour le livre de Goethe |
il finit par laisser
le mouton mais continue avec le lièvre... et le fait entre chez lui,
sous prétexte qu'il veut dire adieu à sa famille.
En réalité, bien sûr,
il veut offrir à sa femme et ses enfants un bon petit casse-croûte !
Illustration de Wilhelm von Kaulbach (1845) pour le livre de Goethe |
Couard
appelle au secours mais le temps que Belin arrive, le lièvre est déjà
mangé... Renart prétexte que Couard est en train de discuter avec sa
femme Hermeline et demande à Belin s'il aurait la gentillesse de porter
des lettres au Roi de sa part. Il lui tend un sac dans lequel se trouve
la tête de Couard. Belin ne s'en doute pas : quand le roi ouvre le sac
et trouve la tête de son fidèle baron, il accuse Belin d'avoir tué
Couard avec Renart.
Tibert le chat brandit la tête de Couard sortie du sac par Brun l'ours et Ysengrin le loup. Furieux, le roi Noble veut trancher sa propre tête à Belin (Illustration de Wilhelm von Kaulbach (1845) pour le livre de Goethe) |
Ysengrin, le loup, l'ennemi juré de Renart, en veux
beaucoup au bélier d'avoir aidé le goupil. Et puisque les amis de mes
ennemis sont mes ennemis, Ysengrin voue désormais une haine féroce au
bélier et à toute sa famille. Voilà qui explique pourquoi les loups
pourchassent toujours les moutons et les brebis depuis ce jour... tout
ça à cause de la mort d'un lièvre !
(Vous pourrez lire cet épisode dans une version moderne (et traduite) du Renard de Goethe.)
Ainsi donc, dans ces versions non-française, le lièvre ne s'en tire pas indemne mais est bel et bien dévoré...
Version naturalisée par Hermann Ploucquet des illustrations de W. Kaulbach (milieu du XIXe s.) |
Notez
que dans ces textes, le lièvre, nommé Lampe en allemand (par
référence à la tache claire sous sa queue), Cuwaert en néerlandais, ou
Kyward en anglais est le messager du roi.
C'est pas cet article qui va me réconcilier avec Renart !!! Ah, sacré Goupil :-((
RépondreSupprimerRôôô un mignon petit renard ;-)
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