vendredi 16 septembre 2016

Avant (et après) la Belle au Bois Dormant : histoires de doigts piqués, de fuseaux et d'ogresse

Je vous ai déjà parlé des versions de La Belle au Bois Dormant écrites par les frères Grimm et Perrault...
Ces contes ont eux-mêmes été précédés par d'autre qui, si l'héroïne ne s'appelle pas "Belle au Bois Dormant" présentent de nombreuses ressemblances avec notre histoire.



Dans "Les anciennes Chroniques de Perceforest" (XIVème siècle), par exemple, et plus précisément dans le conte "Troylus et la belle Zélandine", on retrouve une histoire semblable :
Trois déesses sont invitées au baptême de Zelandine. La première lui donne la santé. La deuxième, fâchée qu'on ait oublié de lui mettre un couteau lors du festin, lui jette une malédiction : Zelandine se plantera une écharde de quenouille dans le doigt et dormira jusqu'à ce que cette épine soit retirée. La troisième (qui est Vénus, déesse de l'amour) promet de faire son possible pour la faire sortir du sommeil...
La princesse, avant que la malédiction ne se réalise, tombe amoureuse du prince Troylus. Celui-ci est mis à l'épreuve par le roi. Quand il revient de ses aventures, il trouve la princesse endormie, victime de la malédiction. Malgré le sommeil de la belle, il conçoit avec elle un enfant : Zelandine accouche, toujours endormie. Le bébé en lui tétant le bout du doigt, retire l'écharde maudite qui avait causée son inconscience...

  "Le Soleil, la Lune et Talia" qui figure dans le "Pentamerone" de Basile (vers 1630, soit plus d'un siècle avant Grimm et Perrault) en est un autre exemple.
Dans ce conte, il est question d'un roi qui, à la naissance de sa fille Talia, lui fait prédire son avenir par les sages du pays. Ceux-ci répondent qu'un picot de lin ou de chanvre lui fera courir, un jour, un grand danger. Le roi ordonne donc qu'aucun brin de lin ni de chanvre n'entre dans le château...
Mais un jour, Talia voit une vieille femme filer devant sa fenêtre. Fascinée, elle essaie elle-aussi. Un picot de chanvre pénètre alors sous son ongle et elle tombe inanimée.
De même que dans "Troylus et la belle Zélandine",  Talia accouche pendant son sommeil de jumeaux, et l'un d'eux la réveille en lui tétant le doigt, retirant dans ce geste le picot de sous son ongle.



Outre ces contes, la quenouille fait évidement penser aux Parques (dans la mythologie romaine) ou aux Moires (leur équivalent dans la mythologie grecque). Les Parques/ les Moires, trois sœurs, sont les divinités du destin. On les représente souvent comme des fileuses.
*Nona (pour les Romains)/ Clotho (pour les Grecs) est celle qui tisse le fil de la vie.
*Decima / Lachésis est celle qui déroule le fil et le positionne sur le fuseau.
*Morta/Atropos est celle qui coupe le fil de la vie (ce qui cause, chaque fois, la mort de quelqu'un).

Illustration de Pep Boatella

Mettons maintenant les fuseaux de côté et retournons au conte de Perrault.
Contrairement à celui de Grimm (et à l'histoire de Disney), il ne s'arrête pas au réveil de la Belle au Bois Dormant. En effet, la princesse et le prince libérateur se marient et ont des enfants : une fille qui s'appelle Aurore (comme la Belle au Bois Dormant de chez Disney !) et un fils nommé Jour.
Or, il s'avère que la mère du prince est une ogresse ! Elle ordonne à son cuisinier de lui préparer sa belle-fille et ses petits-enfants pour les manger !
Le cuisinier, qui a bon cœur, cache la famille du prince et sert un autre plat à l'ogresse...Malheureusement, celle-ci finit par s'en apercevoir et prépare une fosse de serpent pour y jeter princesse, enfants et cuisinier !
Par chance, le prince revient à temps de la guerre pour surprendre les manigances de sa mère : furieuse d'avoir été percée à jour, c'est elle qui se jettera dans la fosse aux serpents !



Ainsi, chez Perrault, on retrouve le motif de la méchante belle-mère, comme on le retrouvait déjà dans Blanche-Neige ou dans Cendrillon...




Pour finir, essayons de décrypter le Conte de la Belle au Bois Dormant (d'après B. Betteilheim).
Le sang versé par la princesse lorsqu'elle se pique le doigt représente, bien entendu, la puberté. Le roi son père à beau essayer d'empêcher son enfant de grandir en éliminant quenouilles et picots, la "malédiction" s'accomplit quand même.
La princesse se replie alors sur elle-même (elle s'endort) et se protège (derrière une haie d'épines) jusqu'à ce qu'elle accepte sa maturité (le prince peut alors accéder à elle).

Et voilà, maintenant vous êtes incollables sur La Belle au Bois Dormant ! =)



2 commentaires:

  1. Tu m'épates !! Tu nous as fait partager ta passion durant tout l'été, bravo pour tout !

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  2. Toutes ces histoires se ressemblent, ce n'est pas beau de copier

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