L'Ours dans les proverbes

Nous avons fait un bon petit tour de globe aux côtés de l'ours ! A travers le monde, notre animal fétiche de l'année apparaît dans nombre de proverbes...

 

En France, on connaît très bien : Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. 

On dit aussi être fort comme un ours et nous avons déjà vu l'origine de l'expression ours mal léché.

 

Rendre un service d'ours signifie "rendre un mauvais service", d'après une autre fable de La Fontaine : L'Ours et l'amateur des jardins (dans laquelle un ours lance un pavé à la tête de son ami dans l'innocente intention de chasser une mouche qui lui tournait autour...). On parle aussi de "pavé de l'ours" ou, en Iran, d' amitié de tante l'ourse (autrement dit une amitié naïve). Ainsi, si l'Enfer est pavé de bonnes intentions, on pourrait dire que l'Enfer est pavé de bonnes intentions lancées par l'ours !

 

Illustration de Grandville

On dit aussi Si tu prends pour ami un ours, tu auras besoin de secours.

 

Mettre à l'ours signifie "jeter" et envoyer à l'ours c'est demander à quelqu'un de se taire.

 

L'ours est dans la forêt mais la peau est vendu est un proverbe qui signifie que quelqu'un peut profite de quelque chose sans avoir agi. 

 

Un ours est fort, mais il peut être mené en laisse (par référence aux ours dressé) sert à désigner quelqu'un qui paraît plus fort qu'il ne l'est en réalité. 

 L'ours danse, mais le montreur récupère l'argent signifie que le profit ne revient pas à celui qui travaille le plus dur... 

Avec le temps, même un ours peut apprendre à danser  professe que qui s'en donne les moyens et fait preuve de patience peut atteindre ses objectifs (notamment d'apprentissage).

 

Deux ours ne peuvent pas vivre dans une tanière signifie qu'un endroit est trop petit pour accueillir deux personnes (souvent deux personnes qui ne s'entendent pas, ou qui ont mauvais caractères). 

Un ours n'est pas le frère d'une vache rappelle que deux personnes trop différentes ne peuvent pas s'entendre.

 

Illustration de Farmbabies

Dans les pays anglophones, on dit de quelqu'un de sourd qu'un ours a marché sur son oreille. 

 

Là où un chat utilise sa patte, un ours utilise ses cinq doigts symbolise que là où quelqu'un fait des choses avec minutie, une autre personne fera la même chose assez grossièrement, moins habilement (avec des gros doigts au lieu d'une petite patte délicate). 

 

Le travail n'est pas un ours : il n'ira pas dans la forêt, c'est-à-dire que même si vous remettez une tâche à demain, eh bien demain... elle sera toujours là à attendre que vous l'accomplissiez, elle n'aura pas disparu comme par magie !! Donc au boulot !

 Qui fuit le loup, tombe sur l'ours signifie qu'il vaut mieux affronter ses problèmes plutôt que de les fuir si on ne veut pas que les choses empirent...

 

Les taureaux s'enrichissent, les ours s'enrichissent, mais les porcs se font juste abattre signifie que les forts s'enrichissent sur la graisse le dos des autres.

 

Ne plaisantez pas avec l'ours si vous ne voulez pas être mordu.

Ne taquinez pas l'ours quand son nez fume.

 ou encore Ne chatouillez pas la truffe d'un ours qui dort (se passent d'explications, à mon avis!)

 

Un ours qui danse dans la maison du voisin pourrait bientôt danser dans la vôtre, donc ne vous moquez pas du malheur d'autrui, la chance peut vite tourner !

 

Tout le monde connaît l'ours, mais l'ours ne connaît personne (comme la plupart des célébrités)

 

 L'ourse trouve beaux ses oursons autrement dit ce qui paraît monstrueux pour les autres semble toujours beau pour les parents/les créateurs/les propriétaires/les amoureux. 

Appelle l'ours ton oncle jusqu'à ce que tu sois en sécurité de l'autre côté du pont (en gros, soyez poli tant que ça vous rend service !!)

 

Il faut le faire monter sur l'ours signifie qu'il faut aguerrir quelqu'un, parce qu'autrefois on faisait grimper les enfants sur le dos des ours apprivoisés pour leur apprendre à surmonter leurs peurs. 

 

Illustration d'Apple, Pear, Orange, Bear par Emily Gravett

En Italie, plusieurs  proverbes mettent en relation un ours avec une poire :

Celui qui partage une poire avec l'ours n'en obtient aucune partie signifie qu'en faisant un marché avec quelqu'un de mauvais, vous n'aurez pas votre part !

 Être comme un ours qui rêve de poire indique que quelqu'un désire ardemment quelque chose, ou s'imagine quelque chose.

 Les poires cueillies, voilà l'ours se dit quand vous avez pris soin de quelque chose et que quelqu'un arrive pour en profiter/ se l'approprier.

Laisser l'ours garder les poires, c'est accorder trop de confiance à quelqu'un (surtout à quelqu'un d'affamé !)

Mener l'ours à Modène se dit en Italie d'une action dont on ne tire aucun profit.

Allez voir l'ours danser signifie "mourir" en Italien.

Rites de l'Ours en Roumanie

 En Roumanie, il existe deux temps fort pendant lequel l'ours est célébré. 

 

Nous avons déjà évoqué le fait que de nombreux montreurs d'ours venaient de ce pays (les fameux ursari qui ont peut-être appris aux Européens catholiques comment dompter les ours). Il existe toujours une tradition qui se déroule entre Noël et Nouvel An : jocul ursilor (la danse des ours). 

Les habitants des villes et villages qui pratiquent encore cette fête sortent de leurs placards de vieilles pelisses d'ours hérités de leurs aïeuls (ou des costumes pour les moins "chanceux") et les revêtent pour défiler. D'autres participants sont déguisés en montreurs d'ours qui mènent cette petite troupe à travers une "danse" symbolique : les simili ours sont chassés, domptés à coups de fouet, tués, puis renaissent...

Le but ? Éloigner les mauvais esprits pour l'année à venir  et fêter le renouveau (par la mort et renaissance de l'ours).

Autrefois, c'était des ours véritables et leurs montreurs qui pratiquaient cette danse... Aujourd'hui, c'est surtout devenu un moment festif et folklorique. 

Une autre tradition qui semble avoir moins perduré de nos jours est celle de la fête des Martini (on retrouve le surnom Martin de l'ours) :  à la mi-Novembre, on chantait et on cherchait l'ours dans la forêt pour s'approprier ses forces. Des hommes déguisés en ours allaient de maison en maison et piétinaient les femmes et les malades afin de transférer la puissance de l'ours à ces êtres "faibles". 

Aujourd'hui, cette tradition s'est déplacée au temps de Noël pendant lequel des chanteurs déguisés en ours déambulent dans les villages... Le rite du piétinement semble par contre perdu (ouf!).

 

Dans les contes roumains, l'ours apparaît souvent comme un guide , un protecteur, un adjuvant pour le héros.

Ours en Europe du Nord-Est et en Asie

 Comme nous avons déjà pu le voir, l'ours est associé aux chamans  pour les peuples amérindiens. C'est aussi le cas en Asie/Europe du Nord-Est, où l'ours est lié au monde spirituel : certains chamans poussent des grognements quand ils pratiquent un rituel, ou bien lancent une patte d'ours pour prédire l'avenir. 

Certains pensent qu'un homme qui tue un ours se transformera en ours. 

Des ours sont parfois représentés sur les tambours chamaniques et invoqués lors des cérémonies (pour en savoir plus, vous pouvez lire cet article détaillé : clic) 

 

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L'ours peut aussi avoir des bienfaits protecteurs : des peuples de Mongolie ou du Kazakhztan accrochaient des pattes devant leur demeure pour les protéger, ou plaçaient des griffes d'ours dans les berceau des enfants, comme des talismans. 

 

Les chamans Tartares de Sibérie invoquaient le diable avec leur tambour dans une cérémonie nommée kamlat : le diable apparaissait alors sous la forme d'un ours.

En Sibérie, les peuples ostiaks rendaient un grand hommage à ceux qui mourraient bravement, notamment à la chasse à l'ours.

Un mythe sibérien raconte que la Lune est mangée par un ours : il s'agit d'une punition qu'elle écope depuis le jour où elle enleva une jeune fille. 

 

Quant aux Sami (un peuple de Laponie), ils honorent eux-mêmes une divinité liée à l'ours : Leib-Olmai, l'Homme-Aulne, parfois représenté comme un ours. Ce dieu est vénéré par les chasseurs, qui enduisent leur visage d'un baume d'aulne et coiffent leur tête de ses branches.

 

Illustration d'Hannah Lee Stockdale (source)

Une légende Sibérienne raconte aussi pourquoi le bouroundouk (écureuil tamia de Sibérie) a des rayures sur son dos : dans la taïga, le grand-père Amaka (=l'ours) avait dormi tout l'Hiver. Quand il s'est réveillé, une fois le Printemps arrivé, il était affamé ! Mais il ne parvenait pas à trouver de nourriture... Rempli de rage, il essaya de soulever une souche : en vain ! Il n'avait plus assez de force ! Mais voilà qu'un petit écureuil sortit de la souche et lui demanda les raisons de son emportement. Bouroundouk partit alors chercher de la nourriture pour l'ours. Celui-ci le remercia en lui caressant le dos, qui depuis ce jour porte toujours la marque de ses griffes.

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Illustration de Grace Dalles Clarke

L'Ours en Inde

 Nous avons déjà évoqué l'ours en Inde à travers l'espèce de l'ours lippu et le personnage de Baloo dans Le Livre de la Jungle... Mais nous n'avons pas encore parlé des ours présents dans la mythologie indienne. 

Dans le Ramayana (la Geste de Rama), épopée mythologique indienne qui raconte les péripéties du divin Rama, les ours aident le héros à délivrer la déesse Sita. Capturée par le démon Ravana, Sita est sauvée par Rama et une armée composée d'ours et de singes. Cette armée est ainsi dirigée par Jambavan (le roi-ours) et Hanuman (le roi-singe).

Dans cette représentation de la cour de Rama réalisée à la fin du XVIIIe s., on voit un ours tout à gauche

La légende raconte que Jambavan est né de la transpiration du divin Brahma, qui eut une suée froide quand il se retrouva face aux premiers démons qui apparurent dans l'Univers.

Représentation de Jambavan

Une croyance parle aussi des masans : ce sont des sortes de lutins, ou démons, en fait les âmes d'enfants morts en non (ou mal) ensevelis. Ils reviennent ensuite hanter les vivants en prenant la forme d'un ours.

Ungnyeo

L’Été se termine, mais j'ai encore quelques articles pour vous... Donc  je vous offre quelques jours de prolongations 😎

 

La mythologie coréenne nous donne un autre exemple d'être humain/ours avec la légende d'Ungnyeo. 

 

Alors que la Corée n'avait pas encore été fondée, le fils du Ciel, Hwanung descendit sur Terre pour l'agencer. Un jour, un tigre et une ourse (Ungnyeo) vinrent le trouver pour lui demander de les transformer en Hommes. 

 

Dangun, l'ourse et le tigre (source)

Pour les mettre à l'épreuve, Hwanung donna aux deux animaux vingt gousses d'ail et un faisceau d'armoise. Puis, il leur demanda de passer cent jours dans une caverne et de ne se nourrir qu'avec ces aliments. 

 

Au bout de vingt jours, le tigre en eut assez et sortit de la caverne. En revanche, Ungnyeo réussit à surmonter l'épreuve. 

 

Illustration de Miri Choi (source)

 

Après cent jours, l'ourse se métamorphosa en femme. 

 Elle ne manqua pas de rendre grâce au divin Hwanung pour avoir exaucée son souhait... Cependant, elle avait encore un problème : étant donné ses origines ursines, aucun homme ne voulait la prendre pour épouse... Une nouvelle fois, Hwanung entendit ses prières et la prit pour femme. Ensemble, ils eurent un fils, Tangun, qui n'est autre que le fondateur de la Corée.

 

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Le Panda

On ne peut pas partir de Chine sans avoir parlé du panda qui, comme je vous le rappelle, fait partie de la famille des ours. 

 

Le panda, ou plus précisément le panda géant (pour le différencier d'autres animaux comme le panda roux, qui lui n'est pas du tout un ours !) est resté mystérieux durant de nombreuses années (et même siècles), surtout en Occident : il n'a été véritablement étudié par des botanistes qu'à partir du début du XXe siècle.

 

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Dans les textes chinois anciens, il apparaît peut-être sous les noms de Zouyu, Mo, Pixiu (ou Pi)... Mais certains chercheurs pensent que ces noms désignent des animaux totalement différents, comme le tapir, la panthère des neiges ou même le tigre. Quoiqu'il en soit, si l'un (ou plusieurs) de ces mots désignent le panda, voilà certaines caractéristiques qui reviennent souvent dans ses descriptions :

-il ressemble à un ours

-il est noir et blanc

-il se nourrit de fer, de cuivre (!) et de bambous

 

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Comme il ne mange pas d'être vivant, on le considérait comme un symbole de paix : si on l'arborait sur un étendard lors d'une guerre ou d'une rencontre entre deux ennemis, c'était une demande de trêve ou d'armistice. On offrait des peaux de cet animal pour concrétiser une bonne entente entre deux peuples/familles. 

Étant donné la nomenclature incertaine pour désigner le panda, on ne peut pas être certain que c'est bien de lui qu'il s'agissait dans les textes qui mentionnent de telles pratiques... Toujours est-il qu'on a retrouvé un crâne de panda dans la tombe de l'Impératrice Dowager (IIe s. av. J.-C)... et que deux pandas vivants ainsi que des peaux de pandas furent offerts au Japon en cadeau diplomatique au VIIe siècle. 

Peinture de Yang Xiaochun

Quoiqu'il en soit, il existe deux légendes  chinoises qui expliquent pourquoi le panda a des taches. 

Dans ces deux histoires, à l'origine, le panda était entièrement blanc. 

1ère version : quatre soeurs pandas vivaient heureuses jusqu'à la mort de l'une d'entre elles. Les trois autres, en signe de deuil, se couvrirent les mains de cendre. Elles pleurèrent en se frottant les yeux, se bouchèrent les oreilles, et s'enlacèrent tant et si bien que la cendre se répandit aux endroits qu'elles touchaient...

2ème version : une bergère sauva un bébé panda attaqué par une panthère des neiges... mais elle y laissa la vie. Touchés par son geste, les pandas s'enduisirent les pattes de cendre et pleurèrent de la même manière que dans la 1ère version...

 

S'il est demeuré longtemps mystérieux, aujourd'hui le panda est un animal de renommé mondial, notamment parce qu'il est utilisé comme symbole de la WWF (World Wide Fund (for Nature)), organisation internationale de protection de la nature. 

 

Logo de WWF fondé en 1961

 

 

Il est aussi le héros de plusieurs dessins animés, films, série et livres pour la jeunesse. Son côté gros nounours, son inoffensivité  et son statut d'animal menacé font de lui un personnage attachant.

 

 

 

Panda petit panda (film de Miyazaki et Takahata, 1972)

Tao Tao (série animée, 1983)

Po dans Kung Fu Panda (film de DreamWorks, 2008)

 

Penny Ling et sa famille (série Littlest Petshop, 2012)

 

Un artiste (désolée, impossible pour moi de décrypter son nom en idéogramme) s'est aussi spécialisé dans le Panda qu'il accommode à toutes les sauces, par exemple en reproduisant des chefs d'oeuvres. Quelques perles :

 

Retrouvez davantage d'images sur son site en cliquant ici.

Lady Feng

Le Rouleau d'Admonitions est une peinture sur soie réalisée entre le Ve et le VIIIe siècle en Chine (peut-être par le peintre Gu Kaizhi). Sur ce rouleau sont représentées diverses femmes plus ou moins légendaires, considérées comme des exemples de vertus. 

 

L'une des scènes (la 4e) représente Lady Feng. Cette femme est une des concubines de l'Empereur Yuan (Ier siècle av. J.C). Elle est réputée pour avoir combattu un ours : l'animal s'était échappé de sa cage durant un tournoi de combats d'animaux. Pour sauver la vie de l'Empereur, Lady Feng s'est interposé entre l'ours et lui (elle même a ensuite été sauvée par deux gardes qui l'ont aidée à maîtriser l'animal).

 

Sur l'illustration, à gauche, on voit une autre femme prendre la fuite : il s'agit d'une autre concubine, Lady Fu, rivale de Lady Feng : contrairement à la courageuse Feng, Fu a pris la fuite quand elle a vu l'ours...

 

(n'oubliez pas qu'il suffit de cliquer pour agrandir)

 

 

D'autres peintures montrent encore un personnage interposé entre un ours évadé et un haut dignitaire (probablement un empereur). La légende dit qu'il s'agit de Jieyu, apparemment une femme, mais je n'ai pas réussi à trouver l'anecdote en question malgré mes recherches... 

Il s'agit peut-être de Ban Jieyu, poétesse et concubine de l'Empereur Cheng (Ier s. av. J.-C)... Mais je n'ai rien trouvé parlant d'un ours sur les articles que j'ai lu d'elle. Cela dit "Jieyu" était surtout un titre : il indiquait que la femme en question était la troisième concubine. Il se pourrait donc que Feng Jieyu soit une seule et même personne : dans ces deux peintures Jieyu serait utilisé pour donner son titre, non son nom... Je ne suis pas assez douée en chinois ni en culture chinoise pour vous l'affirmer ! 😉

 

Peinture de Jin Tingbiao (XVIIe s.)

Peinture de Cheng Zhidao (XVIIIe s.)

Yu le Grand

Yu le Grand, aussi appelé Yu ou Dayu est un monarque légendaire chinois qui aurait vécu plus de 2000ans avant J.C. 

 

A cette époque-là, les cours d'eau débordaient et la Chine était sans cesse soumise aux inondations. Gun, père de Yu, avait tenté de venir à bout de ce problème mais n'y était pas parvenu... Par conséquent, il fut banni de chez les Hommes : transformé en ours jaune, son esprit fut précipité dans un gouffre. 

 

Yu semble avoir hérité du caractère ursin de son père. Il réussit là où Gun avait échoué : il inventa le premier système d'irrigation de Chine. Il fut ainsi divinisé comme étant le Gouverneur des eaux. 

Mais ce qui nous intéresse surtout cette année, c'est que Yu possédait le pouvoir de se métamorphoser en ours pour mener à bien ses travaux avec plus de facilité. Or, un jour qu'il fendait des pierres, sa femme crut qu'il l'appelait pour qu'elle vienne lui apporter son repas. Quand elle vit un ours se dresser devant elle, elle s'enfuit en hurlant. Yu tenta de la rattraper, mais elle eut si peur qu'elle se changea en rocher. Comme elle attendait un enfant, lorsque le délai de sa grossesse ce fut écoulé, Yu fendit sa femme-pierre en deux : il en sortit son fils, Qi. 

 

Peinture de Zhang Kuniy (source)

L'Ours pour les Aïnous

Passons de l'Amérique à l'Asie !  

Les Aïnous sont un peuple qui vit notamment au Nord du Japon. Traditionnellement, ils accordent une grande place à l'ours dans leur culte. 

 

En effet, l'Ours, divinité de la montagne, est révéré par ce peuple, notamment au mois de Décembre pendant la fête de l'ours Kamui omante : l'animal divin est alors censé descendre dans le monde matériel, prodigué dons, bienfaits et cadeaux aux Hommes avant de remonter dans le monde spirituel. 

 

Peinture du XIXe s.

Ce peuple est aussi connu pour la cérémonie lyomante qui consiste en un sacrifice d'ours. Quand une femme perd un enfant, les chasseurs capturent un ourson et ladite femme l'élève au sein, comme sa propre progéniture, pendant quelques années. 

 

Femme aïnou et son ourson 

(la femme a un visage étrange à cause du "sourire" que les filles de ce peuple se font tatouer autour des lèvres) 

(source)

Puis, lors d'une fête rituelle, l'ours est sacrifié et sa chair consommée : il s'agit de s'approprier la force de l'ours et de se porter chance  pour les chasses futures. 

Les cérémonies lyomantes perdurèrent jusqu'au milieu du XXe siècle. 

 

source

 

 

L'Ours en Chine

 Si on trouve des ours dans des mythes, contes et légendes chinoise, c'est surtout un animal qui est consommé : ses mains, surtout, y sont très prisées (au moins jusqu'au début du XXe siècle). 

Il occupe aussi une place importante dans la médecine : la bile de l'ours est censé être un remède important... Du coup, de nombreux ours ont été tués pour prélever ce "médicament"... Ces chasses excessives ont été dramatiques pour l'ours à collier (pour rappel : une espèce d'ours présente en Chine). La croyance en ce remède est toujours répandue aujourd'hui (malheureusement) mais on ne chasse plus les animaux sauvages pour l'obtenir : des ours à collier sont élevés exprès pour cette précieuse bile... 

 

source

Des combats d'ours (entre eux ou avec d'autres animaux) étaient aussi un passe-temps prisé des Chinois. 

Côté légendaire, il existe une croyance selon laquelle un ours qui vit pendant 500ans se transforme en homme. 

De plus, rêver d'un ours annonce une naissance à venir, notamment celle d'un garçon. L'ours est donc vu comme un assez bon augure.

L'Ours du Pérou

Faisons un petit saut jusqu'en Amérique du Sud ! 

 

Dans la série des espèces d'ours non-officielles, je vous présente l'Ours du Pérou. 

Comme son nom l'indique, cet ours vit à l'état sauvage au Pérou... Mais comme il habite les profondeurs de la forêt où il est difficile à trouver, vous aurez plus de chances de le voir... à Londres.  

En effet, l'individu le plus connu de cet espèce se nomme Paddington (d'après le nom d'une station ferroviaire où il a été trouvé par sa famille d'adoption anglaise).

Statue de Paddington à la station Paddington,
à côté d'un train baptisé comme l'auteur de ses aventures
(source)

Les aventures de Paddington ont d'abord été racontée dans des livres par l'auteur britannique Michael Bond (1926-2017).  Il a écrit non moins de 23 livres entre 1958 et 2012, en s'inspirant d'un ours en peluche que lui avait offert sa femme. 

Depuis, ses aventures ont plusieurs fois été adaptées en série animée et en film... et c'est une véritable célébrité dans les pays anglo-saxons !

 

  

  Moi je regardais  ces dessins animés quand j'étais petite ^^

Dans ces histoires, Paddington arrive tout droit du Pérou, après avoir quitté sa Tante Lucy qui est partie en maison de retraite pour ours. Il est alors accueilli par la famille Brown (Mr et Mrs Brown et leurs enfants, Judy et Jonathan, ainsi que Mrs Bird la gouvernante). Son meilleur ami, Mr Gruber, est un vieil antiquaire. Il s'attire souvent des ennuis avec le voisin, Mr Curry.  

Illustration de R.W Alley

 

Quelques caractéristiques d'un ours du Pérou :

-il est très poli, un vrai gentlebear. 

-quoiqu'il arrive, il se retrouve toujours dans le pétrin...

-surtout, il raffole de la marmelade d'orange ! 

Illustration de Peggy Fortnum

Retrouvez ici et ici les bandes-annonces de ses deux films.

Comment l'ours perdit sa queue

 Vous l'avez peut-être déjà remarqué (ou non), dans les constellations de la Grande et de la Petite Ourses, l'ours est représenté avec une longue queue... 

 

illustration du XIXe s.

Cette longue "queue de casserole" peut paraître bizarre à nous qui savons, aujourd'hui, que les ours ont de toutes petites queues ! 

 

Illustration de Maman Carotte

 

Néanmoins, nous en avons déjà parlé, autrefois on ne savait pas exactement à quoi ressemblait l'ours et quel était sa véritable nature. Pas d'Internet, peu de livres, beaucoup de "on-dit"... Bref ! Pourquoi les ours n'auraient-ils pas eu une longue queue ?

Du reste, une légende (surtout présente chez les peuples amérindiens) raconte pourquoi les ours n'ont plus, aujourd'hui, une aussi grande queue. En réalité, cette histoire est inspirée d'un épisode du Roman de Renart européen, dans lequel Renart prétend au loup Ysengrin qu'il pourra attraper du poisson s'il met sa queue dans un trou percé au milieu d'un étang gelé...

Dans la légende de la queue de l'ours, il en va de même : un renard (ou un chacal, ou un coyote, lesquels sont les équivalent du Renart français), incite un ours à plonger sa (longue) queue dans un trou de glace pour pêcher... Mais au cours de la nuit, la glace se reforme et emprisonne la queue de l'ours ! Il n'y a qu'une seule solution pour se sortir de là : couic-couic la queue ! 

Illustration de Paul Bransom

La légende des constellations ursines par Erin Hunter

 Dans La Quête des Ours, Erin Hunter donne la parole à chacune des trois espèces d'ours mises en scène pour expliquer les légendes de la Grande ou/et de la Petite Ourse(s). 

Voilà ce que ça donne...

Illustration d'Alexis Snell pour The Bear in the stars

*Pour les ours polaires, Silaluk, la Grande Ourse, court autour de l'étoile brillante (l'étoile polaire) durant tout l'Hiver, afin de chasser le phoque et le bélouga sur la banquise. Quand vient l'Eté, elle court pour une autre raison : elle est poursuivie par trois chasseurs, qui finissent par la tuer : son sang éclabousse alors les feuilles des arbres qui deviennent rouges avant de tomber... Mais quand l'Hiver revient, Silaluk renaît et la glace se reforme pour qu'elle puisse y chasser.

(En Groënlandais et en inuktitut, Silaluk signifie "pluie" ou "tempête").

On retrouve donc le mythe amérindien dont nous avons déjà parlé avant-hier.

*Pour les ours noirs qui ont très peur des autres ours, la Grande Ourse est un grizzly géant qui poursuit une petite ourse noire très courageuse : elle a posé l'étoile polaire (nommée la Gardienne) sur sa queue afin de la protéger du méchant grizzly qui chercher à l'attraper. 

*Pour les grizzly, l'étoile polaire représente l'esprit d'un méchant ours qui (d'après la mère de Toklo) a été puni pour avoir désobéi à sa mère : il a été emprisonné dans une étoile. Depuis, tous les animaux du ciel lui tourne autour pour le narguer en lui rappelant qu'il a perdu sa liberté.

 

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