Les coutumes des Gaulois et des Celtes nous sont bien peu connues par rapport à celles des Grecs ou des Romains, car ils se transmettaient leurs traditions oralement. Cependant, certains auteurs Romains ont pu observer leurs meurs et en donner des témoignages.
Ces écrits semblent démontrer que le lièvre était un animal lié au culte : on s'en servait comme d'un sacrifice, comme d'un présage ou même, parfois, il semblait sacralisé.
Par exemple, d'après Arrien (auteur grec du Ier s.): "C'est une loi pour quelques-uns des Celtes de faire à Artémis [Diane] des sacrifices annuels. D'autres offrent à la déesse un trésor : pour un lièvre qu'ils ont pris, ils mettent à la masse deux oboles ; pour un renard, une drachme : le renard est un être rusé, toujours en embuscade ; c'est le fléau des lièvres ; voilà pourquoi on donne davantage ; c'est comme si l'on avait pris un ennemi [...] L'année révolue, quand revient le jour de la naissance d'Artémis, on ouvre le trésor et avec la somme recueillie on achète une victime, qui une brebis, qui une chèvre, qui un veau, s'il y a assez d'argent. Le sacrifice achevé, les prémices ayant été offertes à la [divine] chasseresse, selon la loi de chacun, ils se régalent, eux et leurs chiens. Les chiens sont même ce jour-là couronnés de fleurs, pour bien marquer que la fête se donne en leur honneur." (Cynégétique, ch.34)
Ainsi, on peut voir que, chaque fois qu'ils attrapaient un lièvre, les Gaulois payaient une offrande à la déesse de la chasse (Artémis en Grèce, Diane à Rome... mais elle portait sûrement un autre nom pour les Gaulois : Arrien a réinterprété la scène selon sa propre religion). Une manière de la remercier pour cette belle prise !
Statue votive dédiée à Artemis d'une petite fille portant un lièvre (source) |
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Bien entendu, l'un des plus grands observateurs des Gaulois reste Jules César ! Voilà ce qu'il écrit à propos des lièvres : "Les Bretons regardent comme défendu de manger du lièvre, de la poule ou de l'oie ; ils en élèvent cependant par goût et par plaisir" (Guerre des Gaules, livre 5)
Ainsi, contrairement aux Romains qui adoraient manger du lièvre et du lapin, il semblerait que les Gaulois en avaient déjà fait un animal de compagnie (ce dont témoigne l'expression "par plaisir") !
Notez d'ailleurs que le lièvre était bien vu des Celtes grâce à ses grandes oreilles qui attestaient d'une ouïe fine : quel animal pouvait mieux représenter un savoir qui se transmettait de bouche à oreille, où l'on devait écouter pour retenir, faute de support écrit ?
Image du livre "Idéfix et le petit lapin" |
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D'autres traditions celtes ont été perpétrées à travers les superstitions et les us et coutumes des habitants. Nous aurons l'occasio d'en reparler dans les prochains articles, mais voici déjà quelques exemples :
Dans le Northamptonshire (comté d'Angleterre) si un lièvre court le long d'une route, cela annonce un incendie dans une maison à proximité. Croiser un lièvre est censé porté malheur dans les pays anglo-saxons, surtout un matin de Mai ou si on monte à cheval.
A Biddenham (village anglais), on assistait jadis à une procession le 22 septembre : on portait un lapin blanc orné de rubans rouges à travers les rues, suivi par les femme s célibataires qui levaient deux doigts vers lui en psalmodiant :
" Gustin, Gustin, lacks a bier,
Maidens, maidens, bury him here."
Maidens, maidens, bury him here."
Ce qu'on pourrait traduire par :
"Vénérable, vénérable, il manque une bière [cercueil]
Filles, Filles, brûlons-le ici."
Cette processions témoigne indubitablement d'un culte du lièvre, lié sans doute à la fécondité des jeunes femmes, et qui étaient pratiqué avant l'arrivée du christianisme. (Cette anecdote est racontée ici)
Dans les temps anciens, tout était bon pour un culte.😏. C'est la première fois que j'entends que les sorcières se transforment en lièvre 🐰
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