Boudicca, célèbre reine celte de Grande-Bretagne qui a incité les hommes de son pays à se rebeller contre l'envahisseur romain, a elle aussi connu une petite histoire avec un lièvre.
Tout d'abord, avant de partir à la bataille, elle harangue ses troupes ainsi, de manière métaphorique :
Marchons donc contre eux [les Romains], pleins de confiance en la bonne fortune, et montrons-leur qu'ils ne sont que des lièvres et des renards qui prétendent commander à des chiens et à des loups. »
Elle compare l'envahisseur à des lièvres, gibiers couards et détaleurs. Eux se placent du côté des prédateurs.
Puis, comme si ces premières paroles ne servaient que d'introduction à son geste, elle pratique une "sorte de divination". Elle tire un lièvre de sa tunique. La direction qu'il emprunte, ou peut-être la manière dont il bondit, est interprété comme un bon présage. Toute la troupe de Boudicca crie de joie à cette vision.
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Avant de se lancer dans la bataille, Boudicca entonne encore une prière de gratitude :
« Je te rends grâces, dit-elle, Andarta ; femme, j'invoque une femme, moi qui commande [...] à des hommes, à des Bretons, qui ne savent pas, il est vrai , cultiver la terre ou exercer un métier, mais qui ont parfaitement appris à faire la guerre, et qui tiennent pour communs tous leurs biens, pour communs leurs enfants et leurs femmes, lesquelles ainsi ont autant de cœur que les hommes. Reine de tels hommes et de telles femmes, je t'adresse mes vœux et je te demande la victoire, le salut et la liberté contre des hommes violents, injustes, insatiables, sacrilèges, si on doit appeler hommes des gens qui se baignent dans l'eau chaude, mangent des mets apprêtés avec recherche, qui boivent du vin pur, qui se frottent de parfums, qui ont une couche moelleuse, qui dorment avec des jeunes gens, et des jeunes gens hors d'âge, et qui sont les esclaves d'un joueur, et encore d'un méchant joueur de lyre. [...] Toi, ô notre maîtresse, puisses-tu toujours marcher seule à notre tête ! » (Dion Cassius, Histoire romaine)
On voit donc que Boudicca après avoir traité ses ennemis de lièvres, les traite d’efféminés, trop "sucrés" et maniérés pour se battre contre des guerriers celtes.
Femme brandissant un lièvre (qui aurait très bien pu être Boudicca !), gravure de Stefano della Bella (XVIIe s) (source) |
Après, quoi, les troupes de Boudicca combattent les Romains et pillent leurs villes.
Don Cassius, l'auteur romain qui a relaté cette anecdote au IIe s., écrit encore que "ces horreurs se commettaient au milieu de leurs sacrifices, de leurs festins et de leurs orgies, dans leurs temples et principalement dans le bois consacré à Andarta : c'était le nom qu'ils donnaient à la Victoire , et ils lui rendaient un culte tout particulier. "
Vous aurez peut-être reconnu le nom de la déesse Andarta, dont nous avions parlé pendant l'Eté ours. 😉 Il se peut aussi que Dion Cassius l'ait confondu avec Eostre/ Ostara/ Asteron, déesse dont nous aurons l'occasion de reparler très bientôt.
Illustration par Anita Inverarity |
Maîtresse femme Madame Boudicca !
RépondreSupprimerEvidemment, je me souviens de Andarta 🤭 Boudicca est la féministe de l'époque 😀
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