"Nous avons l'habitude, vers l'approche de Toussaint, de creuser des betteraves, d'y pratiquer des trous en forme d'yeux, de nez et de de bouche, d'y introduire un bout de bougie et de refermer le tout. ce lampion à tête humaine, posé la nuit sur un talus ou dissimulé dans les broussailles d'un chemin creux, terrifier toujours quelques noctambules. Quelquefois aussi, on le déposer sur la fenêtre d'une vieille fille connue pour son petit courage et son esprit crédule. Quelqu'un frappe du doigt sur la vitre avant d'aller se tapir non loin de là. La vieille, qui se chauffe les membres au feu de son âtre, tourne la tête vers la fenêtre et croit voir l'Ankou, os et flamme. Elle pousse un cri terrible. Elle appelle la Sainte Vierge. la voilà qui se précipite au dehors, affolée, pour chercher au galop on ne sait quel secours."
Le Cheval d'Orgueil, mémoires d'un breton du pays bigouden, Pierre-Jakez Helias