Unitato

Ce week-end, nous avons déterré toutes les patates de notre potager !

Vous connaissez les licornes ?
Et vous savez bien sûr ce qu'est une pomme de terre...
Mais saviez vous que le croisement entre les deux (entre une patate et une licorne) s'appelle une unitato ? Cette créature merveilleuse est apparue a été découverte il y a quelques années et depuis a rencontré un franc succès !

source

Étymologiquement, "uni-" vient de "unicorne" (=licorne), et "-tato" de "potato" (=pomme de terre en anglais).

 Je crois que dans notre jardin, il y avait quelques unitatos !

Qu'en pensez-vous ??

Petits Chevaux

Qui n'a jamais joué aux Petits Chevaux, ce jeu de société qui consiste à rentrer à l'écurie l'ensemble de ses pions avant ses adversaires ?

source

Ce jeu n'est pas apparu en France que dans les années 1930, mais il existait déjà sous d'autres formes, dans bien des cultures.
Parmi ses ancêtres, on trouve ainsi le Pachisi indien,  le Patolli mexicain ou encore le Yunnori coréen (attesté dès le 3e siècle avant J.C).

Représentation du Patolli dans Historia de las cosas de Nueva España (Bernardino de Sahagún, 16e siècle)

Fer, pas et sabot... toute une histoire !

"Ne pas se trouver sous le sabot d'un cheval" : voilà une expression qui sert à désigner quelque chose de rare, de précieux, qu'on ne croise pas tous les jours !
Autrement dit, aucun espoir de le trouver en soulevant la jambe de votre cheval, en curant son sabot ou en suivant ses traces sur un chemin !

Pourtant, le cheval est doté de quatre porte-bonheur : ses fers. Mais attention, il faut le mettre dans le bon sens, celui d'un U et non pas d'un Ω, pour que la chance reste contenue dans le fer, et n'en tombe pas.


D'où vient cette croyance selon laquelle le fer à cheval porte bonheur ? Peut-être du fait qu'auparavant un cheval égaré était rapporté au maréchal-ferrant, qui gardait l'animal si personne ne venait le réclamer !

Le fer est par ailleurs considéré comme un métal puissant, protecteur contre les sorts.

Cette croyance remonte peut-être à l'époque romaine : pour montrer sa richesse, l'empereur Néron aurait fait poser des fers en or aux sabots de ses chevaux. Si un cheval se déferrait, le paysan qui tombait par hasard sur la pièce pouvait s'estimer plus que chanceux !

En outre, certains voient dans la forme du fer l'initiale du Christ... Les "païens" y voient quant à eux le symbole de la Lune, promesse de fécondité et de prospérité.

Les chrétiens possèdent une autre légende sur les bienfaits du fer : au Xème siècle, le diable amena son cheval à Dunstan le forgeron pour qu'il le ferre. Mais l'homme, comprenant à qui il avait affaire, ferra, non pas le cheval, mais le sabot du diable !

Celui-ci, pour être libéré, dû promettre de ne plus jamais s'attaquer à une maison protégée par un fer à cheval. 
Quant à Dunstan, il devint archevêque de Canterburry, puis Saint.

source image et texte en anglais

Chevaux lunaires et solaires

Qui a eu l'occasion de regarder l'éclipse hier soir ?
A la maison, nous avons pu voir la Lune se découvrir, c'était sublime !

Je vous ai déjà expliqué que plusieurs peuples pensaient que le Soleil et la Lune étaient tirés par des chevaux. Nous avons déjà évoqué les chevaux de Mani dans la mythologie nordique.
L'équivalent de Mani, pour les Grecs, est Séléné, la déesse de la Lune (Luna, pour les Romains). Son char est tiré par deux chevaux et son visage est d'une telle blancheur qu'il fait pâlir les astres.

Figure de Séléné (Giovanni Battista Ferrari 1646)

Le pendant de Séléné est Hélios, chargé de guider le char du Soleil. Il a pour fils Phaéton (ou Phébus) qui, pour avoir perdu le contrôle du char de son père, a manqué de peu d'embraser la terre !
Voici l'extrait des métamorphoses d'Ovide :

Les rapides chevaux du Soleil, Pyrois, Éous, Éthon,et Phlégon le quatrième, emplissent les airs de leurs hennissements ils sont pleins de feu et frappent de leurs sabots leurs barrières.Dès que Téthys, ignorant le destin de son petit-fils,eut repoussé ces barrières, leur donnant accès au ciel immense,ils prennent leur élan, agitent leurs pieds dans les airs,déchirent les nuages au passage et, soulevés par leurs ailes, dépassent l'Eurus, qui se lève aussi dans cette région.Mais le char était d'un poids léger, que ne pouvaient reconnaître les chevaux du Soleil ; le joug n'avait pas son poids habituel. De même que les navires creux, privés d'un lest approprié,sont instables en mer parce que trop légers, ainsi le char dépourvu d'une charge suffisante, bondit dans l'air, subit de fortes secousses, comme s'il était vide. Sentant cela, les quatre bêtes de l'attelage aussitôt accélèrent, quittent la piste tracée et ne prennent pas la direction d'avant. Phaéton a peur ; il ne sait ni par où tirer les rênes qu'il a en mains,ni où est sa route et, s'il savait, il ne maîtriserait pas les chevaux.

Comme dans la mythologie nordique, les chevaux du Soleil ont donc des noms tandis que les chevaux de la Lune sont anonymes.

En Inde aussi on trouve une légende qui associe Lune et chevaux : le Dieu-Lune est assis dans un char tiré par dix chevaux, plus blancs que le jasmin. Il s'agit du Dieu Chandra dans l'hindouisme.

(source)

(E. A Rodrigues, 1842)

Chevaux de bois

Et un dernier petit poème pour en finir avec les carrousels !

Le cheval du manège

 Le cheval du manège

Il y a un cheval devant.

Il y a un cheval derrière.

Et c’est mon cheval cependant

Qui est le premier du manège

Il est blanc comme de la neige

Qui scintille sous la lumière.

Il a dans le flanc trois miroirs

Où je me penche pour me voir

Et une belle queue en bois

Qui est aussi large que moi.

Il est si vif qu’il sauterait

Du manège si je voulais.

Mais je le tiens d’une main ferme.

Il sait que c’est moi qui gouverne.

Il y a un cheval devant.

Il y a un cheval derrière.

Il faut qu’il tourne patiemment

A sa place : c’est la première

Maurice Carême

Tournez tournez chevaux de Bois

Comme nous avons parlé de carrousels, c'est l'occasion idéale pour partager avec vous ce poème de Verlaine...

Un petit tour et puis...

Je crois que le premier cheval sur lequel je suis monté était un cheval de bois !
Que de bons souvenirs j'ai sur les carrousels (et notamment celui de La Rochelle, c'était un de mes petits plaisirs de l'Eté!)

Mais au fait, les carrousels, d'où ça vient ?

Il faut savoir qu'avant d'être un manège, les carrousels étaient des exercices, puis des spectacles militaires : il s'agirait de quadrilles équestres (sorte de danse) où les chevaux tournaient en rond en exécutant diverses figures, avec des jeux de passes d'armes entre les cavaliers.

Le Grand Carrousel donné par Louis XIV dans la cour des Tuileries à Paris.
Henri GISSEY (source)

On aurait trouvé des carrousels dès l'Antiquité chez les Goths, les Maures et les Romains.
Par ailleurs ce mot viendrait de "caro del Sole" ou "currus soli" c'est à dire "char du Soleil" (respectivement en italien et en latin). En effet, selon la légende, c'est Circé, magicienne mythologique et parente du Soleil, qui aurait la première fait donné un tel divertissement en l'honneur de son aïeul.
Cette étymologie suggère également que les chevaux étaient attelés lors des premiers carrousels. 

Toujours est-il qu'en France les premiers carrousels ont été donné au début du 17e siècle par Henri IV (celui qui aime les chevaux quasi-blancs, vous vous rappelez ?) puis mis à la mode par Louis XIV. Amusant, non ? C'est le Roi Soleil qui a popularisé ces "chars du Soleil" !
En fait, les carrousels remplaçaient les joutes et autres tournois médiévaux, jugés dorénavant trop violent et trop dangereux. 

Le Grand Carrousel de Paris (Israël Silvestre, 1670)

Le Carrousel des galantes amazones, en 1686 (Jean-Baptiste Martin)
(source)

Au 18ème siècle les carrousels militaires cessèrent peu à peu d'être à la mode. Ils devinrent un divertissement pour les enfants : des animaux (vivants) tournaient attachés autour d'un piquet ou tout simplement dans une carrière.

Au 19ème siècle, grâce à l'invention de la machine à vapeur, on remplaça les animaux de chair par des chevaux de bois.
Ce sont toujours de tels chevaux qui tournent aujourd'hui, non plus grâce à la force de la vapeur, mais grâce à celle de l'électricité !

Carrousel de Lancelot à Disney

* vous pouvez cliquer sur les images pour agrandir *

Chevaux de saga

Terminons notre petit tour d'horizon des chevaux nordiques en parlant de quelques montures des héros de sagas.

*Freyfaxi.

Contrairement aux chevaux précédemment présentés, Freyfaxi n'est pas un cheval magique ou aux qualités exceptionnels : il s'agit d'un cheval tout à fait ordinaire, hormis le fait qu'il est consacré au dieu Freyr. D'où son nom : "Crinière de Frey" (vous vous souvenez : "-faxi" = crinière).

Son propriétaire, Hrafnkell, héros de la saga éponyme, fait le serment que lui seul le chevauchera. C'est pourquoi il tue le fils de son voisin quand celui-ci monte Freyfaxi pour récupérer des moutons échappés.

Hrafnkell and Freyfaxi (Andreas Bloch, 1895)

*Grani

Grani est quant à lui l'un des fils de Sleipnir (le cheval à huit pattes que vous connaissez bien maintenant). Capturé par le héros de la Vulsunga Saga, Siegfried, il mènera ensuite son cavalier dans toutes ses aventures.

Grâce à son courage et à son intelligence, Grani peut franchir les flammes qui entourent la walkyrie Brunehilde (ça vous revient ? une Walkyrie). Siegfried et Brunehilde deviennent ainsi fiancés (jusqu'à ce que Siegfried boivent un philtre d'oubli et se marie à une autre femme).

"Quand il sentit les éperons, Grani bondit vers le feu. Il y eut alors grand vacarme : le feu se mit à faire rage et la terre à trembler ; la flamme atteignait le ciel. Nul n'avait osé faire ce que tentait Sigurdr, et ce fut comme s'il chevauchait dans la ténèbre. Alors le feu s'apaisa ; et il descendit de cheval, entra dans la salle" (Vulsunga Saga)

A la mort de Siegfried, Grani pleure son défunt cavalier. 

Alors s'affaissa Grani,
Dans l'herbe courba la tête ;
L'étalon le savait :
Son maître ne vivait plus

(Lai de Gudrun)

Grani et Brunehilde se sacrifient dans un brasier (Arthur Rackham, 1911)

Et voilà ! Nous en avons fini (pour le moment...) avec la mythologie nordique ! J'espère que ce bref tout d'horizons des chevaux mythologiques norrois vous aura plu ! Alors, qui est capable de me donner 5 noms de chevaux, sans fautes d'orthographe ?  ;-) Attention, de mémoire, on ne triche pas ! ^^

Les chevaux des Ases

Nous ne quittons toujours pas les rivages de la mythologie nordique aujourd'hui ! J'espère que vous n'en avez pas trop marre ! ;-)

J'aimerais vous parler maintenant des chevaux des Ases (les Dieux).

Il faut savoir que pour accéder à leur demeure, les Ases doivent traverser un pont, qui n'est autre qu'un gigantesque arc-en-ciel nommé Bifrost.

Voilà ce que nous dit Snorri Sturluson (l'auteur de l'Edda) à ce propos :

"Chaque jour, les Ases chevauchent par le Bifrost, aussi appelé Pont des Ases. Voici les noms des montures des Ases : Sleipnir (celui qui glisse) est le meilleur, qui appartient à Odin. Le deuxième est Gladr (Brillant, ou Heureux), le troisième Gyllir (Doré), le quatrième Glenr (le Clair), le cinquième Skeidbrimir (celui qui s'ébroue ou coursier des eaux), le sixième Silfrintoppr (tête d'argent), le septième Sinir (le Nerveux), le huitième Gisl (le Rayonnant), le neuvième Fallhofnir (Sabot Velu), le dixième Gulltopr (Tête d'Or), et le onzième Lettfeti (Pied léger). Le cheval de Baldr fut brûlé avec lui, et Thor va à pied au jugement et patauge dans les rivières"

Maintenant que vous avez bien lu ce petit extrait, explications !

Pourquoi les Ases doivent-ils "chevaucher" pour traverser Bifrost : la raison est simple, c'est tout simplement parce que l'arc-en-ciel est enflammé, de là le rouge qu'on voit parmi ses couleurs. Les Ases ne peuvent donc pas traverser à pied, sous peine de se brûler les pieds.

Vous remarquerez que les chevaux sont au nombre de 11, alors que les Ases sont 12. La raison nous en est donné : Thor va à pied. En effet, lui ne traverse pas sur le pont, mais sous le pont, il "patauge" dans la rivière qu'enjambe Bifrost.

Thor patauge. (L. Frolich).

Nous connaissons déjà Sleipnir, le cheval octopode. Vous pouvez constater que lui-seul a un cavalier propre, Odin. Les autres chevaux sont nommés, mais on ne sait pas quel Ase chevauche qui (vous avez de la chance, ça fera ça de moins à retenir quand je vous interrogerai à la fin de l'Eté ! ^^)  



Couverture d'un manuscrit de l'Edda de Snorri illustré par Ólafur Brynjúlfsson (1760)
On remarque en bas à gauche Sleipnir, le cheval d'Odin

Dernier point à expliquer : pourquoi est-il dit que "le cheval de Baldr fut brûlé avec lui" ? Eh bien, là encore, si vous vous souvenez des articles précédents, vous vous rappellerez que Baldr est mort. Si si, rappelez-vous, c'est l'une des aventures de Sleipnir que de chevaucher jusqu'aux enfers pour en ramener ce Dieu !
 

Concernant Bifrost, il est intéressant de noter que, s'il est uniquement possible de le traverser en étant monté d'un cheval, paradoxalement c'est une cavalcade qui causera sa destruction : "tout résistant qu'il est, il s'effondrera lorsque les fils de Muspell chargeront à cheval et l'emprunteront. Leurs chevaux devront alors passer les fleuves à la nage, et ils continueront ainsi leur route". 

L'effondrement du pont aura ainsi lieu pendant le Rhagnarök (=l'équivalent de l'Apocalypse). Et il sera causé par "les fils de Muspell" à cheval, c'est-à-dire les géants venus du Royaume du Feu. 

Peinture de Peter-Nicolai Arbo (1872)

Pour en finir avec les chevaux des Dieux, je vais simplement évoquer Hófvarpnir, qui est la monture de la déesse messagère Gna. Voilà ce qu'elle en dit dans l'Edda poétique :

Je ne vole point

Bien que je voyage

Et glisse dans l'air

Avec Hofvarpnir

Comme vous pouvez le constater, Hovapnir est donc un cheval extraordinaire, qui peut aussi bien galoper sur terre que dans les airs (et sur l'eau).

Sur cette image, Gna sur Hofvapnir sont visibles en arrière plan



Walkyries

Aujourd'hui je vais vous parler, non pas précisément de chevaux mais plutôt de cavalières. Les Walkyries (ou Valkyries, le "w" se lit /v/), littéralement "celles qui choisissent les morts", sont des vierges guerrières de la mythologie nordique.

Leur nom fait référence à leur fonction : Odin (rappel : le plus important des Ases, c'est-à-dire des Dieux) les avait chargées d'emmener les âmes des guerriers morts au combat au Walhalla (vous vous souvenez, le Walhalla, c'est ce paradis construit en grande partie grâce au cheval Svaldifari).

La monture des Walkyries est de deux sortes : parfois elles montent des loups, et parfois des chevaux ailés, semblables au cheval Pégase.

L'arrivée des Walkyries (illustration d'Arthur Rackham).

Parmi les plus connues, on compte Freya (la déesse majeure), et également Brunehilde (nous aurons bientôt l'occasion de reparler d'elle, souvenez-vous de son nom).

Les Walkyries ont suscité une grande fascination en tout siècle. On leur doit par exemple ce célèbre morceau de musique, la Chevauchée des Walkyries, composé par Wagner en  1870, pour son opéra "L'anneau des Nibelungen" (tiré de la même légende que celle qui a inspiré Le Seigneur des Anneaux de Tolkien)

Autre culture, autre époque, la Wackkyrie est aussi le petit surnom du fromage la Vache-qui-rit... Sympa non ? =D

Illustration de Benjamin Rabier (1919)

Ehwaz

Comme hier nous avons parlé de runes (gravées sur les chevaux du Soleil) j'en profite pour vous faire remarquer qu'il existe une rune liée au cheval.

Il s'agit d'Ehwaz, 19e rune de l'alphabet, ainsi décrite dans le poème runiques anglo-saxon (des textes écrit au Moyen Age qui décrivent chaque lettre du futhark, l'alphabet runique) :

Le cheval est, pour les nobles, joie des princes,
un étalon au fier sabot duquel les riches
héros discutent lorsqu’ils sont sur son dos,
et qui apporte toujours son aide à l’impatient. 

En divination (les runes sont aussi des symboles divinatoires) Ehwaz symbolise la progression (comme le cheval qui avance), le changement, mais aussi la confiance, la loyauté et le courage. 

Sa graphie ressemble un peu à celle d'un M majuscule, aux longues jambes, mais il ne faut pas si fier : cette lettre ne représentait pas le son [m] mais le son [e].

Arvakr et Alsvidr

Skinkaxi, que je vous ai présenté hier, n'est pas le seul cheval solaire du panthéon nordique.

En effet Arvakr ("Tôt Levé") et Alsvidr ("Très Rapide") ont eux aussi un lien particulier avec le Soleil.

Souvenez-vous, Skinfaxi porte sur son dos Dag, le dieu du Jour.

Mais Arvakr et Alsvidr, plus précisément, tirent le char du Soleil. Pour résumer, d'un côté il y a le Jour (monté sur Skinfaxi) de l'autre la déesse du Soleil, Sol, (tirée par Arvakr et Alsvidr). Il n'y a donc pas d'incohérence du moment qu'on considère le Jour et le Soleil comme deux entités distinctes.

L'histoire d'Arvakr et d'Alsvidr est un peu plus détaillée que ce que je viens de vous en dire.
D'après la légende, aux commencements du monde, un humain aurait appelé sa fille Sol (Soleil) et son fils Mani (Lune). Irrités par la prétention de cet homme qui a donné des noms si prestigieux à ses enfants, les dieux les enlèvent pour les placer dans le ciel. C'est ainsi que Mani est chargé de s'occuper de la Lune et Sol, du Soleil.

Le Soleil  dont Sol est chargé de s'occuper a été créé par les dieux à partir d'une flammèche de Muspell (royaume de feu). Il est tiré par Arvakr et d'Alsvid, dont les épaules sont garnis de soufflets pour les protéger de l'ardeur de l'astre.

Les chevaux ne peuvent jamais s'arrêter car ils sont poursuivis par Sköll, un loup qui souhaite dévorer le Soleil. Quand il est près de les rattraper, il se produit des éclipses solaires !
Mais ce n'est qu'au jour du Ragnarök (sorte d'Apocalypse dans la mythologie nordique) que Sköll parviendra a rattraper les chevaux et à manger le Soleil...

Source image

"Tôt-levé et Très-rapide, d’ici en haut,
Pleins d’agrément, traînent toujours Sól ;
Et sous leurs épaules
les Grandeurs-bénignes, les Ases,
Ont caché le froid de fer."

(L'Edda Poétique)

Une autre légende s'attache à ces chevaux : Odin (pour rappel : le principal dieu nordique) aurait gravé les runes (les lettres du vieil alphabet nordique) "Sur l'oreille d'Árvakr / Et sur le sabot d'Alsvidr".
Pour le dire simplement, ces deux chevaux sont porteurs de l'écriture !

A noter au passage que Mani guide également la Lune sur un char et est, de même, poursuivi par un loup, Hati. Mais je n'ai pas pu trouver le nom des chevaux de la Lune, peut-être n'en ont-ils pas, tout simplement... Cependant, il est précisé que Mani est accompagné par deux enfants Bil et Hjúki, qui représentent la Lune montante et la Lune descendante. Personnellement, je me demande si ce ne sont pas eux, les chevaux qui tirent la Lune...

Les loups poursuivant Sol et Máni ( J. C. Dollman, 1909)

Skinfaxi et Hrimfaxi

Continuons dans la lancée des chevaux mythologiques norrois (j'espère que vous êtes bien accrochés ^^)

Après Svadilfari, Sleipnir et Gullfaxi, je vais maintenant vous parler de Skinfaxi et Hrimfaxi.

Vous aurez remarqué que l'on retrouve le suffixe "-faxi" dans le nom de ces deux chevaux, comme dans celui de Gullfaxi. Or,si vous avez bien lu l'article précédent, vous vous souviendrez que "Gullfaxi" signifie "crinière d'or". "Faxi", en ancien norrois, c'est donc "la crinière";

Skinfaxi signifierait ainsi "Crinière brillante" et Hrimfaxi "Crinière de givre".

Maintenant que vous en savez plus sur leur p'tit nom, parlons un peu du rôle de ces chevaux fabuleux.

Dans ne nombreuses civilisations, on retrouve le mythe des chevaux lunaires et solaires, autrement dit : le Soleil et la Lune seraient tirés dans le ciel par des chevaux divins, ce qui explique que les astres se déplacent (on ignorait bien sûr à cette époque que c'était en fait la Terre qui bougeait, et le monde était alors bien plus poétique...). La course de ces chevaux permet donc de "rationaliser" le cycle du Soleil et de la Lune.

Eh bien, dans la mythologie nordique, Skinfaxi et Hrimfaxi remplissent ce rôle.

Dag chevauchant Skinfaxi (Peter Nicolai Arbo, 1874)

Dans l'Edda poétique (anonyme, XIIIème siècle), on trouve ainsi leur description :

« Skinfaxi, il s'appelle

Celui qui tire le clair

Jour au-dessus des peuples :

On le tient pour le meilleur des chevaux

Chez les Hreidgots

Toujours luit la crinière du coursier. »

« Hrimfaxi, il s'appelle

Celui qui tire chaque nuit

Sur les utiles dieux ;

Il laisse de son mors

Chaque matin tomber l'écume

De là vient la rosée dans les vallons. »

Nott chevauchant Hrimfaxi,(Peter Nicolai Arbo, 1874)

Skinfaxi est donc le cheval qui porte sur son dos Dag, le dieu du jour : c'est l'éclat de sa crinière qui illumine le ciel.
Hrimfaxi porte quant à lui Nott, la déesse de la nuit, et l'écume qui tombe de ses lèvres forme la rosée du matin.

Nott et Dag (en arrière plan) sur leurs chevaux
(source image)

Sleipnir

Dans l'article précédent, je vous ai parlé de Svadilfari.

Eh bien, figurez-vous que notre histoire n'est pas finie ! Car Svadilfari et Loki transformé en jument ont un fils : Sleipnir.

Sleipnir, qui est donc le fils d'un cheval merveilleux et d'un dieux, a lui-même l'apparence d'un cheval mais possède la particularité d'avoir non pas quatre mais huit pattes ! Comme les araignées, donc...

Grâce à ses quatre paires de pattes, Sleipnir, dont le nom signifierait  "celui qui glisse rapidement" est en effet le cheval le plus rapide qui soit.  C'est pourquoi Odin, le plus puissant des Dieux, le choisit pour monture.

Sleipnir vu par Rebecca Dart

Sleipnir apparaît dans diverses épisodes de la mythologie nordique. Je vais vous en raconter deux plus particulièrement.

*A la mort de Baldr, dieux de la beauté, de la lumière et de l'amour, les Dieux sont si tristes qu'ils décident d'aller le chercher aux enfers pour l'échanger contre une rançon. Hermodr, le fils d'Odin, est choisi pour cette quête. Pour aller jusqu'aux enfers, il chevauche Sleipnir qui, d'un bond prodigieux, parvient à sauter par-dessus la barrière qui ceint le royaume des morts.

*Un jour qu'il chevauchait Sleipnir, Odin rencontre le géant Hrungnir. Celui-ci reconnaît que Sleipnir est un très beau cheval, mais il soutient aussi qu'il possède une monture plus rapide encore.

Apparaît alors un autre cheval merveilleux : Gullfaxi. On peut traduire ce nom par "crinière-d'or", et c'est en effet ce qui caractérise Gullfaxi : sa crinière est en or.

Par ailleurs, Gullfaxi est capable de chevaucher aussi bien sur terre que sur l'eau ou dans les airs !

Odin prend Hrungnir au mot et lui lance un défi : ils vont s'affronter dans une course de vitesse et celui qui sera vainqueur possèdera le cheval le plus rapide qui soit.

Bien évidemment, c'est Sleipnir l'octopode qui remporte la course.

Plus tard, le géant sera tué par Thor et Gullfaxi deviendra la propriété de son fils, Magni.

Gullfaxi, Illustration de H. J Ford

Cet article vous a plu ?

Pour rappel, il y a quelques années je vous avais parlé du loup Fenrir qui, comme il est également le fils de Loki, n'est autre que le demi-frère de Sleipnir (drôle de famille !).

Svadilfari

Connaissez-vous Svadilfari ?
Il s'agit d'un cheval mythologique et c'est de lui que je vais vous parler aujourd'hui.

Svadilfari apparaît dans l'Edda  de Snorri Sturluson, fresque sur la mythologie scandinave rédigée au XIIIème (à lire absolument si vous ne connaissez pas !).

Selon la légende, au commencement du monde, les dieux entreprennent de construire le Walhalla (sorte de paradis où sont emmenés les plus valeureux guerriers à leur mort). Un géant-bâtisseur se présente alors devant les dieux pour leur proposer son aide. Mais il veut être payé pour son travail et exige, en échange de ses services, de recevoir la Lune, le Soleil et Freya (l'une des déesses majeures du panthéon nordique).
Après maintes réflexions, les dieux acceptent mais à une condition : le géant doit achever son labeur en moins de trois mois, sinon il ne sera pas payé.

Les Dieux sont persuadés que le bâtisseur ne parviendra pas à bout de la construction du Walhalla en si peu de temps, c'est pourquoi ils ont accepté ce marché.
Or, et c'est là que la chose devient intéressante pour nous, le géant est aidé par son cheval Svadilfari, une bête fantastique qui peut charrier une quantité inouïe de matériau ! Grâce à lui, l'ouvrage avance vite et les Dieux craignent que le Walhalla soit terminé dans les temps...

Svaldifari, illustration de Rebecca Dart (2013)

 
Pour empêcher cela, l'un des leurs, Loki, se métamorphose en jument afin de distraire Svadilfari... qui préfère aller batifoler que de continuer à construire le Walhalla !

Svadilfari séduit par Loki métamorphosé en jument
Illustration de Dorothy Hardy, 1909

Et c'est ainsi que les Dieux remportèrent le marché... et que le géant fut tué d'un coup de marteau de Thor !

Le cheval-bâton, toute une histoire !

Hier, je vous ai montré une vidéo de cheval-bâton. Eh bien ne vous imaginez pas que ce jouet est récent !
Il existerait en effet depuis plusieurs milliers d'années.
Ainsi, Agésilas II, roi de Lacédémone (Sparte), au 4e siècle av. J.-C. « à cheval sur un bâton, jouait avec son fils, encore petit enfant ; quelqu’un le vit et se mit à rire : « Tais-toi pour le présent, lui dit-il ; attends que tu sois père, pour donner des conseils à ceux qui le sont. » ( J.F. de la Croix : Dictionnaire portatif des faits et dits mémorables de l’histoire ancienne et moderne », tome premier, 1768)

En 1780, dans ces "Mémoires", Louis Petit de Bachaumont, médecin du Dauphin, évoque le jeu "tire-en-jambe" en ces termes : "C’est un jeu d’enfant, où l’on se met à cheval sur un bâton et chacun combat dans cette attitude"

Par ailleurs, d'aucun prétendent que le cheval-bâton n'est autre que l'ancêtre du vélo !

Enfin, comme vous pourrez le voir sur cette gravure du XVIème siècle, le cheval-bâton n'est pas une création du XXIème siècle !!!

Pour en savoir plus, vous pouvez lire l'article du Centre de recherche sur la canne et le bâton .

Hobby Horsing

Agility avec Csali ce matin !!

Saviez-vous que l'agility est directement inspiré de l'équitation, plus particulièrement de la discipline du jumping (saut d'obstacle)?

Et bien à présent, si vous souhaitez faire du jumping mais que vous n'avez pas de cheval, c'est tout à fait possible !
Chevaucher un cheval-bâton, ça s'appelle le Hobby Horsing , ç'a été lancé par les filles des pays nordiques et c'est de plus en plus populaire !

Sous des dehors ludiques, c'est un sport vraiment sérieux... Quand on voit la hauteur des sauts ! Il existe déjà des clubs et des compétitions...




Alors à quand le Hobby Dogging (l'agility sans chien) ?

*** 

Pour Maman : tu vois que Scooby il a aussi rencontré le Cavalier sans Tête !

 Y'a même un livre... je le veux ! ;-D

Quand les chevaux rentrent très tard

Quand les chevaux rentrent très tard

Il arrive que, rentrant tard

Par les longues routes du soir,

Les chevaux tout à coup s’arrêtent,

Et, comme las, baissent la tête.

Dans la charrette, le fermier

N’esquisse pas le moindre geste

Pour les contraindre à se presser.

La lune, sur les blés jaunis,

Vient lentement de se lever,

Et l’on entend comme le bruit

D’une eau qui coule dans l’été.

Quand les chevaux rentrent très tard,

Le fermier ne sait pas pourquoi,

Le long des routes infinies,

Il les laisse avidement boire

Aux fontaines bleues de la nuit.

Maurice Carême

Encore une poésie aujourd'hui, mais cela me permet de vous mettre une photo d'une petite balade du soir, Mercredi à la Féclaz.

L'apprivoisement du Cheval d'après Kipling

Après l'explication de La Fontaine, voici celle de R. Kipling dans Le Chat qui s'en va tout seul (1902)...

Hâtez-vous d’ouïr et d’entendre ; car ceci fut, arriva, devint et survint, ô Mieux Aimée, au temps où les bêtes Apprivoisées étaient encore sauvages. Le Chien était sauvage, et le Cheval était sauvage, et la Vache était sauvage, et le Cochon était sauvage — et ils se promenaient par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, tous sauvages et solitairement [...]

(La Femme apprivoise le Chien en l'attirant grâce à de la viande de mouton)

 

Adaptation en BD du récit de Kipling par Yann Dégruel
(source image)

La nuit d’après, la Femme fut couper à grandes brassées vertes de l’herbe fraîche aux prés riverains et la sécha devant le feu. Cela fit une odeur de foin, et la Femme, assise à la porte de la Grotte, tressa un licol en lanières de cuir et regarda l’éclanche — le grand os de mouton plat — et fit un Sortilège. [...]
Poulain Sauvage frappa du pied et dit : — J’irai voir et rapporter pourquoi Chien Sauvage n’est pas revenu. [...]

— Voici le second. Sauvage enfant du Bois Sauvage, que me veux-tu ?
Poulain Sauvage dit :
— Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi, où est Chien Sauvage ?
La Femme rit, ramassa l’éclanche et le regarda, puis dit:
— Sauvage Enfant du Bois Sauvage, tu n’es pas venu pour Chien Sauvage, mais pour le foin qui sent bon.
Et Poulain Sauvage, qui butait en marchant sur sa longue crinière, dit :
— C’est vrai ; donne-m’en à manger. La Femme dit :
— Sauvage Enfant du Bois Sauvage, courbe la tête et porte le présent que je te donne ici ; à ce prix, mangeras-tu l’herbe merveilleuse trois fois le jour ?[...]

Poulain Sauvage courba la tête et la Femme glissa par-dessus le licol de cuir tressé, et Poulain Sauvage souffla sur les pieds de la Femme et dit :
— Ô ma Maîtresse, Femme de mon Maître, je serai ton esclave à cause de l’herbe merveilleuse.
 

Trois filles à cheval, Marie Laurencin