"Les renards arrivent avec la nuit.
La Petite les entend avant de les voir.
Leurs pattes comme des marteaux d'orfèvre font sonner l'écrin brun des bois.
Un minuscule tambour fouetté par les doigts têtus de l'automne naissant.
Au-delà des carcasses de voitures, là-bas, à la lisière de la forêt, les brindilles claquent, les carapaces craquent. Partout, les lapereaux frissonnent. Et les renards tremblent bien plus qu'eux.
La Petite le sent. Leur peur se diffuse dans l'air comme un parfum un peu écoeurant. La peur monte malgré elle le long de ses reins, tire sur le fin duvet de sa nuque, irrite son nez.
Elle se blottit près de la caravane du Père, silencieuse, le corps tendu.
Elle respire. Profondément. Se remplit de vide et de nuit.
Ils arrivent. Les renards arrivent.
Elle les entends bien avant de les voir.
Et puis.
Leurs yeux d’ambre filent et fusent à travers la nuit.
Des dizaines. Des centaines. Des feux follets pris de terreur.
Des étoiles incandescentes et muettes.
Qui rayent l’obscurité du campement.
Qui frappent les toiles déchirées du vieux chapiteau.
Qui zèbrent la piste d’éclairs fauves.
Qui renversent les tables et les bougies et les bouteilles et les assiettes.
[...] L'un d'eux, haletant, stoppe sa course. Pointe vers la gamine son museau élancé. Ses yeux sont deux billes jaunes et folles qui roulent sur la main tendue, sur le corps accroupi.
- N'aie pas peur. Dis-moi ce qui se passe. Je sais que tu peux parler."
Plus loin dans le livre (qui n'a pas pour sujet principal les renards, mais où nous retrouvons cet animal en arrière-plan), une seconde rencontre avec un renard a lieu, à un moment où "il pleut et pourtant il n'y a pas de nuage dans le ciel bleu". Vous rappelez-vous ? Ce phénomène de la pluie sans nuage, c'est ce que les japonais appellent le "mariage du renard".
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Demain, c'est l'Automne !
Je vous laisse une dizaine de jours pour réviser car attention, après vous aurez droit à un questionnaire renardin ! 😉