Le renard en Mongolie (2)

Le renard occupe aussi une place de choix dans certaines familles mongoles : on suspend un petit renard de feutre au-dessus des berceaux des nouveaux-nés.

Cette figurine, esgij üneg (=renard de feutre) s'apparente donc, plus ou moins, à un mobile. D'autres objets sont éventuellement accrochés au fil qui permet d'accrocher cette suspension :
- plusieurs triangles de soie bourrés de coton ou de grains et ornés de pompons
- des perles colorées
- des coquillages
-des osselets
- un grelot
- un autre objet symbolique ou décoratif (médaille, tétine, hochet, décoration de Noël...)

L'esgij üneg jouerait un double rôle protecteur.
-D'une part, il permettrait d'éloigner les mauvais esprits (rôle que nous avons évoqué dans l'article précédent) de l'âme du nourrisson.
-D'autre part, une croyance mongole prétend que l'âme s'éloigne du corps pendant le sommeil. Le renard serait donc là pour surveiller ou garder l'âme du bébé, en quelques sortes : si l'âme s'éloigne trop, le renard doit la rattraper, jouer avec elle et l'inciter à regagner le corps.

La figurine reste suspendue tout le temps de l'allaitement. Quand le bébé commence à manger des aliments "solides", l'âme se fixe au corps, est capable de retrouver son chemin jusqu'à l'enveloppe charnelle. Le renard n'a donc plus à veiller sur l'âme de l'enfant.

Cette suspension sert donc d'obstacle dans les deux sens (les âmes malveillantes ne peuvent pas entre dans le corps du bébé// son âme ne peut pas sortir de son corps). D'où un autre nom qui lui est donné : teeg (le mot mongol pour "obstacle"). Les autres objets accrochés servent à renforcer cette protection.
Par exemple, le grelot est censé éloigné les esprits malveillants, et on en accroche aux chaussures des enfants quand ils apprennent à marcher.

[Cet article et cette illustration sont tirés d'une étude de Sandrine Ruhlmann, que vous pouvez lire en entier en cliquant ici]