samedi 14 septembre 2019

Le miracle de Saint Malo et le renard

Saint Malo n'est pas seulement le port de mouillage du cotre le Renard... c'est aussi un saint lié au renard par cette légende :

Le récit de ces miracles [les miracles précédents de Saint Malo] parvint aux oreilles du roi, nommé Philibert, qui régnait alors. Et ce roi dit : « Si de tels miracles se font, et sont prouvés comme vrais, que nos prêtres y aillent pour voir comment l’office y est dit, afin que ceux qui y sont prêtres soient destitués, et que d’autres soient mis à leur place ». Et, puisque le roi le leur avait ordonné, les prêtres qui l’entendirent entrèrent en ce dit lieu en annonçant ce qui les amenait, et ils passèrent la nuit.

Mais, par hasard, cette nuit-là, à la tombée du jour, un renard emporta à l’insu du portier le coq qui donnait toujours le signal des matines dans l’église. Or l’évêque avait demandé au portier de se lever aussitôt au premier chant du coq pour sonner la cloche, à cause des envoyés du roi qui étaient venus y entendre l’office ; mais le portier attendit le chant du coq, et le matin se leva. Alors l’évêque en fut fort marri, et les autres prêtres murmuraient à cause de la négligence du portier. Une fois les matines récitées en hâte, convoquant le portier, tous les clercs se rendirent avec les prêtres du roi au chapitre où le prêtres devaient se réunir après la deuxième heure, afin de juger, et décider de la pénitence qu’on lui imposerait : fallait-il l’excommunier, l’envoyer en exil ? Ils lui demandèrent : 
« Frère, pourquoi t’es-tu levé si tard ? Pourquoi as-tu causé ce tort à l’évêque et à nous tous ? Que t’en semble ? Voilà les envoyés du roi qui s’en retournent vers lui, en colère, pour nous faire punir ! » 
Et lui de répondre, en tâchant de s’excuser : 
 « O mes frères, vous savez qu’une telle chose ne m’est jamais arrivée, vous savez qu’une telle chose ne m’est jamais arrivée : j’attendais le chant du coq, comme d’habitude ; mais j’ignore pourquoi, je ne sais pas, il n’a pas chanté ! » 

Et voilà qu’alors que le portier était violemment pris à partie de tous, le renard arriva à la porte du chapitre, portant le coq mort dans sa gueule. Et quand le renard apporta le coq mort à la porte, sous les yeux des envoyés du roi, il tomba mort. Alors les prêtres s’en revinrent auprès du roi, lui racontèrent ce miracle, et prêchèrent à tous les miracles de saint Malo. Et là où le roi avait pensé trouver une faute de la part des prêtres, Dieu en fit une louange et une victoire, par la vertu du saint. Et ainsi les prêtres, munis de nombreux biens, richesses et possessions, étaient honorés par le roi et par presque tous les autres chrétiens qui habitaient la paroisse de la cité de Saintes, pour la vertu de saint Malo.

(Récit issu de la Vie de Saint Malo traduite par Gwenaël Le Duc, 1979

Roman de Renart illustré par Allaert van Everdingen, illustrateur du Roman de Renard

2 commentaires:

  1. C'est bien .... très agréable à lire !

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  2. il devrait y avoir une statue : le renard portant dans sa gueule le coq

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