vendredi 18 septembre 2015

Les loups et les Brebis

Encore une fable de la Fontaine, proposée par Cathou ! Et encore une fable où les loups sont tenus pour goinfres et immoraux... Mais après tout, grâce à eux, nous avons pleins de morales à retenir ! En même temps, ici aussi les brebis sont en faute, puisqu'elles se sont montrées trop naïves !


Les Loups et les Brebis

Après mille ans et plus de guerre déclarée,
Les Loups firent la paix avecque les Brebis.
C'était apparemment le bien des deux partis ;
Car si les Loups mangeaient mainte bête égarée,
Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.
Jamais de liberté, ni pour les pâturages,
Ni d'autre part pour les carnages :
Ils ne pouvaient jouir qu'en tremblant de leurs biens.
La paix se conclut donc : on donne des otages ;
Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis, leurs Chiens.
L'échange en étant fait aux formes ordinaires
Et réglé par des Commissaires,
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats
Se virent Loups parfaits et friands de tuerie,
lls vous prennent le temps que dans la Bergerie
Messieurs les Bergers n'étaient pas,
Etranglent la moitié des Agneaux les plus gras,
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.
Ils avaient averti leurs gens secrètement.
Les Chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement,
Furent étranglés en dormant :
Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent.
Tout fut mis en morceaux ; un seul n'en échappa.
Nous pouvons conclure de là
Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle.
La paix est fort bonne de soi,
J'en conviens ; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi ?

La Fontaine 

Essayons de remonter aux sources de cette fable, comme nous l'avons fait pour celle du loup et du chien. 
Esope (5ème siècle avant JC) avait déjà écrit une fable nommée "Les loups et les moutons". on constate en la lisant que le principer est le même : les loups et les moutons concluent un pacte. Mais les loups se montrent fourbes; Ils privent les brebis de leurs protecteurs afin de mieux les manger. On remarque que la morale est légèrement différente, peut-être à cause de la différence de contexte...


Des loups cherchaient à surprendre un troupeau de moutons. Ne pouvant s’en rendre maîtres, à cause des chiens qui les gardaient, ils résolurent d’user de ruse pour en venir à leurs fins. Ils envoyèrent des députés demander aux moutons de livrer leurs chiens. C’étaient les chiens, disaient-ils, qui étaient cause de leur inimitié ; on n’avait qu’à les leur livrer ; et la paix régnerait entre eux. Les moutons ne prévoyant pas ce qui allait arriver, livrèrent les chiens, et les loups, s’en étant rendus maîtres, égorgèrent facilement le troupeau qui n’était plus gardé.
Il en est ainsi dans les États : ceux qui livrent facilement leurs orateurs ne se doutent pas qu’ils seront bientôt assujettis à leurs ennemis.

J'ai encore trouvé une fable semblable écrite par Ignacy Krasicki, écrivain polonais du 18ème siècle...
Et je suis sûre qu'on peut encore en trouver beaucoup !

2 commentaires:


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