Jeanne d'Arc : de la sainte à la sorcière, de la sorcière à la sainte (2)

Comme nous l’avons vu hier, Jeanne d’Arc a mené la prise victorieuse d’Orléans, et c’est grâce à elle que les Français ont repris des droits sur leur territoire. En effet, d’Orléans elle mène le Dauphin Charles à Reims, où il sera sacré Roi.
 

Jeanne d'Arc au sacre de Charles VII par Ladislaus Bakalowicz (XIXème siècle)

Cependant, si Jeanne d’Arc a été encensé pour sa bravoure, elle est bien vite tombée en disgrâce...
Depuis le sacre, Charles VII dédaigne la Pucelle. Lorsqu’ils marchent ensemble vers Paris, pour reprendre la ville aux mains des Anglais, Jeanne est blessée, capturée et vendue aux ennemis. Le Roi ne met rien en œuvre pour la sauver.
 Henry VI, qui est à la tête des troupes anglaises, remet sa prisonnière entre les mains de Dieu, jugeant qu’il revient aux ecclésiastiques de juger la jeune fille. 

La Capture de Jeanne d'Arc, par Adolphe-Alexandre Dillens (1850)

Âgée de 19 ans, Jeanne est envoyée à Rouen (fief anglais) pour être condamnée.Si, auparavant, ses visions et les Voix qu’elles auraient entendues la faisait passer pour une sainte, elles se retournent alors contre elle : ces hallucinations auraient été envoyées par le Malin, non par Dieu.
De sainte, d’héroïne, Jeanne d’Arc devient une sorcière hérétique.
D’autres faits servent à confirmer son diabolisme ... Par exemple ses habits et sa conduite d’homme, anormaux et même incestueux pour une adolescente. Le fait qu’elle ait continuée à se battre malgré la blessure contractée à Orléans sert également à lui forger la réputation d’une guérisseuse satanique. 

Enluminure d'un manuscrit du XVème siècle, représentant Jeanne portée devant ses juges

Cependant, Jeanne d’Arc aurait pu être absoute si elle avait obéi à l’ordre de ses juges : reprendre des vêtements féminins. Mais la Pucelle refuse : prisonnière, elle passe ses journées enfermée dans une cellule avec des hommes peu recommandable, ce qui ne lui donne guère envie de repasser une robe !
Elle s’entête, on la condamne au bûcher. Effrayée, elle accepte finalement de se vêtir à nouveau en femme... mais revient sur sa décision peu de jour après, certainement violentée dans sa cellule. Cette existence, d’ailleurs, devait lui paraître vaine : valait-il mieux vivre captive et diminuée ou mourir en héroïne.
Jeanne est condamnée au bûcher le 30 mai 1431. Tandis que les flammes la consumaient, elle n’aurait cessé de répéter « Jésus ! Jésus ! Jésus ! ».
Ces derniers mots firent changer d’avis la population... Le bûcher s’éteignait à peine que déjà on commença à regretter d’avoir brûler Jeanne d’Arc.

Enluminure d'un manuscrit du XVème siècle

L’Eglise, qui avait condamné Jeanne, la réhabilite dès 1456, soit à peine 25 ans après sa mort. De sorcière, Jeanne d’Arc redevient une sainte... Elle ne sera canonisée officiellement qu'en 1909.

L’Histoire de la Pucelle d’Orléans est donc vraiment intéressant, je pense. Il nous montre que la frontière est floue entre sorcières, héroïnes et saintes... Jeanne d’Arc était elle une sorcière ? Cela dépend des points de vue et des époques...
Notez aussi la cruelle récompense du roi Charles VII pour cette jeune fille qui lui avait été d'une aide si précieuse !

Toujours est-il que, le plus important dans cette affaire, c’est de remarquer que, si Jeanne d’Arc a été condamnée au bûcher (sort dévoué aux sorcières, je le rappelle), c’est plus parce qu’elle portait des vêtements d’homme que pour avoir fait acte de magie !
Les sorcières seraient-elles toutes ses femmes qui refusent les préjugés qu’on leur impose ?
Je vous laisse juger...