Eté corbeau : conclusion

 L'Automne a déjà commencé à déployer ses feuilles rousses : il est temps de laisser s'envoler le corbeau et de mettre un terme à l'Eté qui lui a été consacré !

 

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Depuis le mois de Juillet, nous avons eu l'occasion de voir que le corbeau (ou ses cousins comme la corneille ou la pie) est présent dans le monde entier, non seulement en tant qu'animal réel, mais surtout en tant qu'animal culturel. 

Cet oiseau, qui fascine par sa noirceur, son lien avec la mort ou son intelligence (que ce soit langagière ou stratégique), a toujours oscillé entre deux aspects :

- la peur qu'il peut inspirer : lien avec les mondes de l'au-delà (animal psychopompe, guide des esprits, chamanisme...), ténèbres de son plumage, nécrophagie, compagnon de sorcière...

- l'admiratio  qu'il peut susciter : ses capacités à utiliser des objets et ses compétences cognitives font de lui un personnage créateur, son langage le fait passer pour un devin ou un messager des dieux, son caractère social (vie en colonie, discussions entre individues...) le rapprochent du mode de vie humain...

 

Illustration de Konstanty Gorski

Le corbeau a aussi subi de plein fouet le choc des cultures : apprécié par tel peuple, il s'est vu rejeté par tel autre qui tentait d'imposer ses propres cultures. Pensez notamment au christianisme qui a voulu éradiquer tout penchant païen, donc toute symbolique positive du corbeau chez les Celtes, les vikings ou les gréco-romains... C'est ainsi que le corbeau a pris un caractère satanique, si on excepte quelques "miracles" de Dieu concernant des saints aidés par des corbeaux. Dans la culture, dans les légendes, les textes, les poèmes ou l'iconographie, les Hommes se sont protégés de ce corbeau démoniaque de deux manières : en le chassant (éradiquer le mal par le mal), ou en le moquant (on pense aux fables, par exemple).

 Pensez aussi aux tribus amérindiennes qui ont gardé intacte leur confiance dans le Grand Corbeau, au moins jusqu'à l'arrivée des colons.

 

Peinture de Josef Capek

Nous-même, en France, héritiers de siècles d'idées noirs et moyenâgeuses durant lesquelles le corbeau a été malmené, voire moqué, nous avons tendance à le regarder avec méfiance. Pourtant, il suffit de prendre le temps de le contempler, de l'écouter, pour comprendre que le corbeau a beaucoup à nous apprendre ! 

Porte-parole des mythologies anciennes, oiseau fidèle et malin, qui possède un chant unique de par ses multiples intonations... 

Merci à vous d'avoir suivi les aventures du corbeau durant tout l'été ! Vous l'avez compris, j'admire beaucoup cet oiseau et c'était un plaisir d'approfondir mes connaissances sur lui cette année. J'espère que vous aussi vous avez apprécié ce petit voyage. 

 

(source)

 

Nous aurions pu continuer longtemps ainsi, mais je ne pouvais pas prolonger l’Été indéfiniment... 

Si le coeur vous en dit, voici quelques pistes pour continuer à suivre le corbeau (cliquez sur les liens):

 

- Une légende locale du Puy-de-Dôme à propos de corbeaux dénonciateurs.

- Un conte ibérique à propos d'un dénommé Rocher du Corbeau 

- Vous pouvez lire cet article qui traite de différentes croyances populaires à propos des corbeaux

- Si vous êtes à l'aise en anglais, vous pouvez lire ce conte des Jataka (vies passées de Bouddha), dans lequel Bouddha s'incarne dans un corbeau.

- J'aurais bien aimé lire ce recueil de légendes amérindiennes : L'Histoire du corbeau et Monsieur McGinty (paru dans l'excellente collection L'Aube des Peuples, de Gallimard), mais je ne l'ai pas trouvé à la médiathèque... A vous de regarder si la vôtre en possède un exemplaire ! 

- Nous n'avons pas non plus eu l'occasion d'aborder le corbeau au théâtre... Pourtant il y aurait beaucoup à dire, notamment dans les tragédie (Shakespeare par exemple) ou dans le théâtre symboliste (je songe à Maeterlink que j'affectionne tout particulièrement). 

- Nous n'avons pas beaucoup parlé de l'Afrique, car je n'ai trouvé que peu de chose à ce propos sur le web...

- Les corbeaux occupent aussi une grande place dans la trilogie Les Soeurs Carmines d'Ariel Holzl, dont le 1er tome s'intitule justement : Le complot des corbeaux...

Voilà, à vous de poursuivre les recherches... A votre gré ! 

 

Pour finir, il me semble approprié de citer Chateaubriand, qui prédit que quand nous aurons oublié notre propre langue, seul le corbeau s'en souviendra : 

Quelque Corbeau envolé de la cage du dernier curé franco-gaulois, du haut de la tour en ruines d’une cathédrale abandonnée, dira à des peuples étrangers, nos successeurs : “Agréez les accents d’une voix qui vous fut connue ; vous mettrez fin à tous ces discours.”

 

Maintenant, je vous laisse quelques jours pour finir de lire les articles... Puis vous serez interrogées pour tester votre mémoire de corbeau ! 😎