Nous avons vu hier qu'avec les Romains, les lapins se répandent un peu partout en Europe. En effet, après avoir conquis l'Hispanie, ils adoptent un plat typique des Ibères : les laurices. Je ne vais pas m'attarder sur la recette car ce n'est pas très ragoûtant. En deux mots, il s'agit de fœtus de lièvres ou de lapins, tirés du ventre de la mère pour pouvoir être consommé.
En outre, les léporidés étaient aussi considérés comme un excellent gibier. Ainsi, le poète latin Martial écrit:
Parmi les oiseaux [à manger] le premier rang appartient, selon moi, à la grive ; parmi les quadrupèdes, au lièvre. (livre 13, XCII)
Soit dit en passant, à propos des lapins, il écrit : Le lapin se plaît dans les souterrains qu'il a su se creuser ; c'est lui qui nous apprit l'usage des mines dans la guerre. (livre 13, LX)
Buste gallo-romain du IIIe s. découvert sur le site d'Arpajon sur Cère. On reconnaît un enfant portant un lapin (source) |
Afin de se garantir du lapin en abondance, les Romains les élevaient dans des leporaria (au singulier : leporarium). Ces parcs à lièvre, équivalent d'un aquarium pour les poissons ou d'un glirarium pour les loirs, sont les ancêtres des garennes médiévales et des clapiers modernes. Les grandes villa pouvaient ainsi posséder leur propre leporarium pour subvenir aux besoins (ou plutôt aux envies) de la famille.
Un exemple d'élevage plus intensif qu'un simple leporarium a été trouvé sur le site de Lattara, près de Montpellier : on a mis au jour de nombreux squelettes de lapins dans des "puits à cadavre" (des cavités où on jetait les déchets)
A noter que par la suite, le leporarium devint un enclos qui n'accueillait plus uniquement des lièvres, comme nous l'explique Varron au Ier s. av. J.C. : J’entends par [leporarium], non pas ce que le mot signifiait pour nos ancêtres à la troisième génération, c’est-à-dire un parc exclusivement peuplé de lièvres, mais un enclos attenant à la villa, où l’on peut nourrir du gibier de toutes sortes. (De l'Agriculture, Livre III)
3 broches romaines du Ier s. retrouvées à Ouseden (Angleterre). Remarquez les lapins gravés à l'intérieur des lapins ! (source) |
NB : les représentations de lapin dans les objets du quotidien et l'art prouvent que cet animal était répandu chez les Romains.
Pour en savoir plus sur les puits à cadavre de Lattara, vous pouvez lire cette synthèse de recherches.
Bon, moi non plus, je ne veux pas entendre parler de laurices. Beurk
RépondreSupprimerEt c'est rigolo les broches de lapins gravées de lapins...
au vu des études des puits, il est certain que le lapin était très prisé par les romains
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