samedi 12 août 2023

Mjölkhare : le lièvre voleur de lait

Nous avons vu hier que selon les croyances populaires, lièvres et sorcières nourrissaient certaines affinités. Dans les pays scandinaves, on parle aussi d'un lièvre maléfique, le mjölkhare (ou trollhare)
 
Le mjölkhare appartient à un plus grand groupe de créatures nommées bjära : ce sont des voleurs de lait qui peuvent prendre aussi la forme d'un chat (trollkat), d'un oiseau ou d'un écheveau.
 
Un bjära pelote de laine vu par une dessinatrice contemporaine, Karine Ögren

 
Dans cette peinture murale de l'église d'Ökand (Suède), le bjära situé derrière la sorcière en bas à droite ressemble plutôt à un chat (source)

Dans tous les cas, il est si rapide qu'on ne le voit pas agir (d'où le choix du lièvre, probablement, animal rapide s'il en est). 
Le larcin d'un mjölkhare, dont le nom signifie "lièvre-lait", est simple : il vole le lait qui vient juste d'être puisé et va le "recracher" chez sa sorcière pour son propre usage.  
Nous avons pu voir qu'une telle croyance était déjà mentionnée dans les légendes celtes, sauf que c'était les sorcières qui se transformaient en lièvre : cette fois, le mjölkhare est une créature à part entière, différente de la sorcière elle-même.
 
Il faut se rappeler qu'un aliment basique comme le lait n'était pas donné à tout le monde au Moyen Âge : seuls les (fermiers) les plus riches pouvaient  avoir des vaches ou des moutons qui leur appartenait (à eux et non à leur seigneur)... surtout dans les pays nordiques où l'Hiver est long, l'herbe rare et le foin cher. Rien d'étonnant à ce que des rituels magiques protègent cette denrée précieuse ! Rien d'étonnant, non plus, à ce qu'on accuse ses ennemis de nous avoir volé du lait...
 
peinture murale de l'église d'Härkeberga (suède)


En effet, la fabrication d'un bjära est mentionné pour la première fois dans un procès de sorcières dans la paroisse de Söderala (en Suède), en 1597. On prétendait que les sorcières utilisaient, entre autres, du beurre, de la terre, des cendres de leurs victimes brûlées, des cadres de fenêtres, du métal de cloches d'église, du sang de leurs propres doigts et un serpent vivant. 
Une description détaillée de la fabrication d'un bjära nous indique  comment procéder : autour d'une pelote de poils de chat ou de veau, un fil de laine de neuf couleurs est filé trois jeudis soirs de suite. La troisième nuit, trois gouttes de sang coulent de l'auriculaire gauche dans l'écheveau. Quand on envoie le bjära voler du lait, on le jette par-dessus l'épaule gauche et on dit : "Je t'ai donné du sang, l'Enfer te donnera du courage. Tu courras pour moi sur terre, je brûlerai pour toi brûler"
 
Et voilà, maintenant vous savez comment donner vie à un mjölkhare quand vous n'aurez plus de lait pour vos crêpes ! 
 

Les mjölkhare ont été représentés dans des scènes de sorcellerie peintes dans les églises. 
Par exemple, ci-dessous, les images proviennent de l'église d'Ösmo (en Suède) et datent du XVe s. (source)
 



 
 Ci-dessous, dans cette image de l'église Färentuna (près de Stockholm), le mjölkhare prend les traits d'une femme à oreilles de lièvre.
 
 
Pour en savoir plus sur le "lièvre-trayeur" version irlandaise, vous pouvez lire ce document bien documenté

3 commentaires:

  1. bon, si je résume : je vais placer mon lait sous clé, car je ne voudrais pas que mes trollkat (s) se transforment en mjölkhare
    (mais je ne suis sûre de rien!)

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  2. je préfère cette version, la sorcière aidée par un lièvre plutôt que celle de la sorcière qui se transforme en lièvre.

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